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Les pintades à Téhéran

Par Liliba

Delphine MINOUI

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Non, à Téhéran les femmes ne sont pas toutes voilées de noir de la tête aux pieds. Oui, elles ont le droit de vote et peuvent même être élues. Non, elles ne sont pas cloîtrées à la maison, et 60 % des étudiants sont des étudiantes. C'est sûr, la vie des pintades téhéranaises est pleine de contraintes et d'interdits. Au regard de la loi, elles ne valent que la moitié d'un homme. Leur quotidien est un pied de nez permanent à la censure, une lutte de tous les instants contre une république islamique qui ne leur fait pas de cadeaux. Découvrez une basse-cour voilée, mais pas prude ! Plongez sous les voiles et derrière les portes, dans l'intimité de femmes ultra féminines, bourrées de contradictions, et pénétrez dans leur univers, à travers des chroniques, des anecdotes, leurs bons plans et leurs meilleures adresses remises à jour. Rien de péjoratif dans ce sobriquet de pintade, bien au contraire ! Plutôt un pied de nez aux doux noms d'oiseaux dont les femmes sont parfois affublées. Être une pintade, c'est être une femme d'aujourd'hui, légère et sérieuse, féminine et féministe.

Après Paris et New-York, les Pintades nous emmènent à Téhéran. Nous retrouvons "la basse-cour", ces femmes de tous âges, toujours aussi bavardes, qui se racontent avec franchise, parfois sans pudeur, malgré le voile qui cache les visages et les corps. C'est amusant, plein d'anecdotes, de portraits sympathiques, nous découvrons des femmes drôles, des femmes courageuses, émancipées malgré les lois strictes et parfois même heureuses.

Mais si ces petites tranches de vie font sourire, j'ai tout de même ressenti un malaise tout au long de ma lecture. Entre guide de shopping et chronique de la vie des femmes dans cette ville tentaculaire, ce livre à mon avis ne sait pas très bien trouver sa voie. Certes, il y a des pintades partout dans le monde, mais je trouve qu'il est un peu exagéré de comparer l'émancipation et la légèreté d'une américaine ou d'une parisienne à celle d'une femme iranienne, qui vit depuis sa naissance sous le joug d'intégristes sexistes, qui subit une loi inique et stupide et doit la respecter sous peine d'être battue, lapidée ou tout simplement tuée.

Les iraniennes, j'en suis heureuse pour elles, ressentent malgré tout l'envie de vivre, de rire et d'aimer comme toutes les femmes, mais c'est pour elles un combat de chaque instant alors que c'est pour nous une évidence... Nos droits et nos devoirs ne sont absolument pas comparables, et ce qui est jeu frivole pour nous peut mener à la prison chez elles... d'où mon malaise. Rires avec ces femmes, oui, voir qu'elles arrivent à vivre malgré la politique de leur pays, qu'elles réussissent à s'amuser et à gagner quelques semblants de liberté, c'est bien, mais... Tant que le voile sera obligatoire, tant qu'elles n'auront pas les mêmes droits que les hommes, tant qu'on les considérera comme inférieures, tant qu'on pourra les emprisonner ou les tuer pour des fautes qui n'en sont pas, rire de futilités, même si on rit avec elles me met mal à l'aise.

Il faut souligner également le fait que ce livre ne parle que des femmes d'une certaine catégorie de la population de Téhéran : aisées, cultivées, et donc déjà ouvertes au monde extérieur et aux plaisirs occidentaux (interdits) de par leur culture et leur aisance financière. Il ne concerne en rien les milliers de femmes du peuple.

Des extraits sur le site des Pintades.

Un grand merci à Keisha pour cette découverte ! Elle a eu la chance d'y aller !

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Enna a également lu ce livre, mais n'a pas accroché, Aifelle a été gênée par la légèreté du livre et souligne le fait que les femmes dont il est question ici ne sont que des femmes appartenant à la haute société et ayant des moyens financiers conséquents. Thaïs a trouvé le livre intéressant et c'est pour Sexaoul un livre qui mérite d'être lu.


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