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Finnigan et moi (de Sonya Hartnett)

Publié le 02 avril 2010 par Ceciledequoide9
Finnigan et moi (de Sonya Hartnett)Bonjour Anwell
Bonjour Finnigan
Bonjour Gabriel
Bonjour Surrender
Bonjour les zotres
Il y avait Septentrion, Le chameau sauvage, La place, Kaput, fume et tue, l'écriture ou la vie et quelques zotres, maintenant, dans mon panthéon littéraire personnel, il y a aussi Finnigan et moi de Sonya Hartnett.
Le sujet

Anwell a 20 ans et il est malade. Sur son lit de mort et de douleur, il se remémore son enfance et son adolescence, la dureté froide de ses parents, la maladie terrible de son frère Vernon, la liberté féroce du chien Surrender, la beauté et la différence d'Evangéline mais surtout sa relation ambigue et forte avec le mystérieux Finnigan, tour à tour son complice, son miroir, son ami, son opposé, son âme damnée avec qui, à l'âge de 9 ou 10 ans, il a conclu un pacte étrange : dès qu'il faudra mal agir, Finnigan se chargera de la bésogne et Anwell n'aura qu'à faire le bien. Dès lors Finnigan n'appellera plus Anwell que Gabriel ou bien l'Ange.
Mon avis
Certains livres sont des évidences, des rencontres inoubliables pour le miracle d'équilibre qu'ils constituent entre beauté formelle et force du contenu. Il y a des livres qui à peine entamés nous constituent déjà, nous bouleversent (mais pas au sens larmoyant du terme, hein) et qui, une fois achevés font aussi sûrement partie de nous que le sang de nos veines, plus peut-être tant il est vrai que le sang peut se verser, se transfuser, tandis que le plaisir éprouvé, les émotions ressenties, les réflexions provoquées sont gravés dans nos esprits à jamais.
Finnigan et moi est un livre tout simplement miraculeux (oui, rien que ça !).
Miraculeux de sensibilité.
Miraculeux de douleur écorchée vive.
Miraculeux de par sa qualité d'écriture (magnifique traduction au passage...).
Miraculeux de par la construction d'un récit où la vérité affleure peu à peu, où les non dits, les esquives, l'imaginaire et les métaphores laissent progressivement la place à l'évidence, à la terrible réalité, où tout est dit, avoué progressivement à demi-mots par Anwell qui préférerait se taire et oublier et surtout par Finnigan, moins embarrassé de compromis.
Miraculeux aussi (surtout ?) de réussir à se que l'on ressorte de cette lecture bouleversé(e) certes mais sans aucune sensation d'accablement. Tout pourrait être noir, glauque, terrible dans ce roman et pourtant, l'auteure réussit le tour de force de nous rendre léger(e), apaisé(e), admiratif/ve, heureux/se, pétri(e)s d'émotions certes, mais d'émotions positives. Sonya Hartnett n'est jamais dans le pathos, dans l'effet misérabiliste et dans la surenchère, elle est dans la justesse du ton, la finesse des émotions, l'authenticité de la détresse.
Lorsque je rencontre un livre comme ça, j'ai envie de vous communiquer le virus mais les mots sont inaptes à traduire l'ineffable plaisir que j'ai ressenti au fil des pages magnifiques de Finnigan et moi. Je ne peux dire qu'une chose : lisez-le !
Quelques liens
Laurence - Clarabel - Lirado - Lily
Attention, certaines critiques donnent à mon sens beaucoup trop d'éléments sur le contenu du livre, pas les 4 ci-dessus. Même si on ne peut pas à proprement parler de suspens à propos de ce roman, il possède un rythme dont il convient de respecter les nuances. Je suis en outre étonnée de lire dans certaines critiques que c'est un roman à conseiller aux ados. Franchement, je suis sceptique à ce sujet ; pour moi il s'agit vraiment d'un livre pour adultes.
Quelques extraits

Là-haut, je m’assieds dans l’anfractuosité, je mets les bras autour de mes genoux, et je regarde. Je suis la gargouille de ce flanc de montagne. Si j’avais des ailes, elles seraient de geai. Elles se déploieraient en craquant comme du vieux cuir puis, une fois étendues, lâcheraient des gouttes d’huile.
De mon perchoir vertigineux, voici ce que je vois : une ville et des arbres miniatures. Le monde est une boite à joujoux renversée. Je vois des maisons de poupées, des camions que conduisent des puces. Et je vois d’autres choses, plus grosses et pourtant plus lointaines. Je vois des forêts, des champs, des montagnes et des nuages. Je vois l’ivoire des dents de requin acérées que forment les pics. Tout ça d’un regard. Au-delà de ce que je vois, il n’y a rien. Il n’y a pas d’endroit au-delà de celui-ci. D’où je suis, je vois tout ce qui arrive avant d’être vu, moi.
Mes cheveux dansent devant mes yeux. Je les repousse du bout des doigts.
Surrender se retourne et réfléchit. Il a envie de mordre. Sa lèvre supérieure ondule comme une vague. Rien d’important, ici, à part mon lévrier.
Conclusion
Un premier livre tout simplement miraculeux.
J'ai hâte de lire Une enfance australienne le second roman de l'auteure.

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