Magazine Beaux Arts

Vanessa Quang, galerie

Publié le 26 novembre 2007 par Marc Lenot

Dans le nouvel et immense espace de la galerie Vanessa Quang rue Filles du Calvaire, une des premières pièces sur lesquelles vous tombez littéralement lors de l’exposition inaugurale est un hérisson de barbelés, nommé Tumbleweed et dû à Nikolaj Bendix Skyum Larsen (déjà remarqué ici et ). Tumbleweed, c’est le nom de ces boules de branches épineuses que le vent pousse à travers les rues poussiéreuses des petites villes du Far West dans tout bon western spaghetti. C’est un volume creux, fait de noeuds et d’entrelacs dans lesquels on voudrait plonger, mais c’est un objet piquant, hérissé, agressif, qu’on ne peut pas toucher (comme le bouchon hérissé de lames de rasoir de la Collectionneuse). Ce barbelé parle de guerre, de colonies d’implantation, d’exclus, de dépossédés. Va-t-il tomber de son socle, rouler vers nous, poussé par un vent mauvais ? Contournons-le précautionneusement.

Tout au fond de la galerie, après de très purs dessins érotiques et une photo quasi abstraite d’un éboulement “surligné” d’Isabelle Grosse, puis une salle où dansent les dessins suintants de Véronique Hubert, on atteint une pièce sombre où, sur un petit écran, dans une lumière verte de fin du monde, Charley Case (remarqué ici) vous enchante avec un déluge. Terre-îles montre une lente montée des eaux, les paysages du premier plan sont peu à peu engloutis, bientôt ne subsiste plus qu’une colline ronde et son reflet dans l’eau. Cette image double, au centre de l’écran, comme des lèvres minérales, s’efface progressivement.

A l’entrée, un commissaire invité, Romain Houg, présente trois vidéos en lien avec la musique. La plus déconcertante est le film d’une performance à la South London Gallery en 2002, due à Fabienne Audéoud etJohn Russell. Face au public, 20 batteries, 20 femmes, jeunes et moins jeunes, minces et grasses, blanches et noires. Avant de commencer à jouer, au signal, elles enlèvent leur T-shirt ou leur chemisier et se retrouvent les seins nus. Le spectateur (du film, mais sans doute aussi de la performance) est aussi gênée qu’elles : ce n’est en rien un spectacle érotique. Elles jouent, d’abord embarrassées, mal à l’aise. La sueur coule, les seins tressautent, le rythme s’accélère. Et, peu à peu, elles oublient, nous oublions, et ne subsistent plus que la musique, le tempo, le plaisir de jouer, la joie d’écouter. J’ai compris devant cette vidéo (20 topless women play drum) ce qu’étaient les ménades, quelle était l’ivresse qui s’emparaient d’elles, l’”apudeur” plutôt que l’impudeur..

Photos courtoisie Galerie Vanessa Quang.


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