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Tank Girl, l’autre chef d’œuvre de Jamie Hewlett

Publié le 08 mars 2010 par Conseilachat

Jamie Hewlett, bassiste studio et designer de Gorillaz, est avec Alan Martin, l’un des créateurs de Tank Girl, comic culte des années 90. Avec la réédition des épisodes dans leur ordre de parution chez Ankama Éditions, bien des lecteurs vont pouvoir s’initier au punk débridé et foutraque de cette fille décomplexée.

Tank Girl, l’autre chef d’œuvre de Jamie Hewlett
Faites connaissance avec Tank Girl

Tank Girl, punkette d’une vingtaine d’année, remplit les missions les plus dangereuses et retrouve les hors-la-loi les plus recherchés pour l’argent. Au volant de son tank, elle parcours une Australie post-apocalyptique, s’acquittant des tâches qui lui sont confiées avec des méthodes expéditives mais efficaces. Quand elle échoue à livrer des sondes pour anus artificiel (!) au président de l’Australie, elle est mise au ban d’une société dont elle ne faisait de toute façon plus vraiment partie.

Avec ses amis, un kangourou anthropomorphe, Jet Girl et Sub Girl se déplaçant respectivement en avion et en sous-marin, un aborigène excentrique et quelques animaux (rat, koala…), elle ne vit plus que selon ses envies, au gré des scénarios les plus détraqués d’Alan Martin.

L’origine de Tank Girl

Publiées à l’origine dans le magazine Deadline, les aventures de Tank Girl s’inscrivent dans une mode post-punk, avec la volonté de tirer le maximum de ce médium si particulier qu’est la BD. Élèves en école d’art, Martin et Hewlett s’ennuient ferme et décident de publier un fanzine dans ce qui est alors le plus bas des styles aux yeux de beaucoup : le comics. C’est ainsi que né Atomictan.

Après plusieurs versions et embryons, Tank Girl prend forme dans sa version actuelle, et le magazine Deadline s’y intéresse. Le comics y parait alors régulièrement et devient rapidement célèbre, offrant à Hewlett et Martin un premier succès. Les raisons sont simples, l’Angleterre thatcherienne s’ennuie, désire autre chose que de l’ordre et de la sagesse. Tank Girl va lui offrir de l’anarchie, du sexe, de l’alcool, de la violence et de l’humour ras les paquerettes.

L’épreuve du feu

Lire les histoires de Tank Girl d’une traite demande de la concentration et du temps, parce que les pages sont saturées de références, de dessins et messages minuscules et plus ou moins cachés, dissimulés dans la richesse du dessin, ne se révélant qu’aux lecteurs attentifs. Les pages ont l’apparence d’affiches de concerts punks et semblent totalement déconstruites.

Chaque page dresse en quelques cases une histoire plus ou moins complexe, mais constamment riche. Et comme toujours avec les œuvres apparemment les plus déjantés, c’est la maîtrise qui permet la réussite.

Le dessin de Jamie Hewlett donne vie aux pages, et les cadres ou les canons ne sont jamais explosés gratuitement. Derrière l’apparence totalement dingue des pages, derrière des empilements anarchiques de niveaux se cache une parfaite maîtrise de l’espace de la page, permettant d’en dire énormément sans que jamais les niveaux de l’histoire ne s’étouffent les uns les autres. On retrouve bien sûr ce qui fera la touche de l’univers Gorillaz, avec un myriade d’inspirations, ce qui donne cet aspect si moderne à Tank Girl.

Le format original de publication (trois ou quatre pages au maximum) obligeait à énormément de concision, d’où des pages denses, riches et cachant une construction complexe derrière un apparent bazar. Le dessin de Hewlett est, aujourd’hui encore, un vrai plaisir de précision et d’efficacité. Quand il faudrait des pages entières à beaucoup pour esquisser de telles histoires, lui dresse une situation en quelques cases bien senties, bien agencées.

Alan Martin, lui, concocte des scénarios où la légèreté l’emporte, sans pour autant tomber dans la facilité, du moins pas toujours. Les classiques éculés sont plus ou moins gentiment tournés en ridicule, les starlettes de l’époque se prennent le fiel de l’équipe en plein visage, les valeurs d’alors également, et Tank Girl n’hésite pas à s’asseoir sur beaucoup d’entre elles. Bastons, cuites et blagues graveleuses sont au menu quotidien, et l’on saccage de temps à autre quelques hauts-lieux de la malbouffe, du pouvoir…

La réédition chez Ankama Éditions est augmentée de notes explicitant les très nombreuses références. Vous retrouverez ainsi quelques lignes sur chacune des célébrités dont se moquent Hewlett et Martin, afin de bien saisir toute la richesse des pages.

Disponibles pour un prix modiques, les trois tomes de Tank Girl méritent l’attention de tous les passionnés de bd et de ceux qui cherchent un moyen d’y entrer par une œuvre originale.

À noter :

Un film a été tiré de l’œuvre, film sans succès dans lequel on retrouve Ice-T, Naomi Watts ou Malcolm McDowell.

Lors des premières publications dans le fanzine de Hewlett et Martin, le texte suivant accompagnait les aventures de Tank Girl : « SHE’LL BREAK YOUR BACK AND YOUR BALLS! » (Elle vous cassera les pieds et les c……!), tout est dit.


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