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Le Red Light de Montréal

Par Anne Onyme

redlightdemontrealDaniel Proulx
vlb éditeur
83 pages

Résumé:

La légende du défunt quartier montréalais dit du "Red Light" vaut bien celle des Soho et Pigalle de ce monde. Prospère au début du siècle, les salles de jeux enfumées et les chambres sordides de nos bas-fonds deviennent dans les années trente les derniers refuges des damnés de la crise. La guerre venue, les entrepreneurs en plaisirs défendus font des affaires d'or, en attendant que l'armée s'en mêle. La guerre finie, le Red Light renait en force. C'est alors que Pacifique Plante et Jean Drapeau entrent en scène et procèdent à l'épuration radicale de nos mœurs. Le rideau tombe sur notre quartier "réservé". Aujourd'hui, la "Main" n'est plus qu'un coin de rue, à l'intersection de Sainte-Catherine et de Saint-Laurent. Ni ses habitués ni les passants n'ont idée de son spectaculaire passé.

Mon commentaire:

C'est après avoir vu l'exposition Québec en crimes et m'être plongée chaque semaine dans la mini-série Musée Eden que j'ai eu envie d'en apprendre plus sur ce quartier chaud de Montréal qu'on appelait le Red Light.

Du milieu des années 1800 jusqu'en 1957 environ, le Red Light était un quartier interlope siégeant de la rue Sherbrooke au Vieux-Montréal et des rue Saint-Denis et Bleury. Le Red Light doit son nom aux lumières rouges qui pendaient aux portes des maisons closes, affichant clairement le genre de "commerce" qu'elles pratiquaient. Prostitution, jeux clandestins, paris, drogue, blanchiment d'argent, vols, traite des blanches, alcool, fumeries d'opium. Ces activités, sans être légales, étaient souvent tolérées. Les pots-de-vin servaient parfois à acheter la paix.

Le Red Light n'avait rien à envier aux bas-fonds de n'importe quelle autre ville d'importance comme New York et Londres. Les bas-fonds montréalais n'étaient pas très reluisants, les activités qui s'y jouaient étaient souvent affaire de gros sous. Les policiers augmentaient la fréquence de leurs descentes et la ville empochaient un revenu important en amendes de toutes sortes. Les gens étaient relâchés et poursuivaient leurs activités.

Vient un temps, cependant, où la population et certains dirigeants en ont plus qu'assez de voir leur ville étalée à la une des journaux. On se bat d'abord contre la consommation de cocaïne et de drogue. Ensuite, ce sont les bordels ou maisons closes qui sont dans la ligne de mire des militants des différentes ligues de bonnes moeurs. L'armée s'en mêle. Ses soldats en garnison fréquentent le Red Light et la syphillis ainsi que d'autres maladies transmissibles sexuellement se propage à la vitesse de l'éclair. Les autorités doivent réagir car l'armée menace d'amener ses soldats ailleurs. Comme ils sont une source de revenus non négligeable pour la ville, on doit faire quelque chose. Pour contrer le fléau, les policiers effectueront un nombre incroyable de descentes dans les maisons closes. On ne se contentera plus d'amendes, dorénavant on emprisonne.

Le livre, même s'il est peu volumineux, regorge d'informations intéressantes. C'est d'ailleurs à cause du Red Light et de réseaux de communication entre les différents protagonistes qui y vivent que nous vient l'affichage d'un permis avec photo dans les taxis. Malgré l'acharnement des autorités, c'est essentiellement à cause du logement que s'éteindra le Red Light. Ses bâtiments seront démolis ou reconvertis en logements sociaux pour les plus démunis.

L'aspect intéressant de ce livre c'est qu'il nous fait revivre une époque pas si lointaine où un quartier entier était un repaire de criminels et d'as du crime en tous genres. Le volume est augmenté de nombreuses photographies d'époque dont certaines sont assez rares. Toutes, cependant, sont éloquentes. Car derrière le crime se cache aussi la pauvreté, le désespoir.

Quand on se promène sur les grandes artères de l'ancien Red Light, à Montréal, on ne se doute pas de toute l'histoire qui se cache derrière...

Un extrait:

"Il est curieux que le Red Light et la Main aient si peu inspiré nos écrivains. Les bas-fonds de Londres, Paris, Moscou, Berlin et Chicago ont eu leurs Dickens, Zola, Cendrars, Gorki, Döblin ou Algren. Rien de tel pour les nôtres." p.80

"Le quartier de Storyville à La Nouvelle-Orléans a été démantelé en 1917, son équivalent marseillais a été rasé en 1943. Notre Red Light district allait connaître le même sort en 1957, non pas victime du moralisme mais bien de l'urbanisme..." p.69


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