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KNOCK ( version 1950 )

Par Grocher

KNOCK  ( version 1950 )

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Voici des lustres que le brave docteur Parpalaid exerce son sacerdoce dans le bourg de Saint- Maurice. Il faut dire que son cabinet est bien calme puisque tous les habitants du village sont des gens en bonne santé n'ayant donc jamais recours au médecin. De plus, si consultation, le brave toubib ne se fait payer qu'une fois par an en vertu d'une coutume bien établie. Toutefois Parpalaid et sa femme n'ont qu'une ambition: partir à Lyon, la grande ville. Ce serait pour le docteur une promotion eu égard à l'afflux potentiel de clientèle. Pour céder son misérable cabinet de Saint-Maurice, il lui faut trouver le gogo et c'est alors que se présente Knock qui n'a de docteur que le titre qu'il s'est plus ou moins attribué. Néanmoins cet homme, plus camelot que médecin, décide de relever le défit. Pour cela, il va faire preuve d'une imagination débordante en partant du principe que: "les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent". Pour en arriver là, il faut fidéliser la clientèle et c'est ainsi qu'il institue une consultation gratuite tous les lundis. La population, appâtée par ces conditions, afflue chez le docteur mais ressort avec un diagnostic à faire pâlir le roi de l'optimisme. Les "malades" , condamnés à des traitements de longue durée, sont ainsi contraints de revenir et de payer les consultations. Le docteur Knock atteint alors la notoriété et la confiance de la population. Lorsqu'à la date prévue, Parpalaid et sa femme viennent toucher leur terme, ils sont d'abord surpris du train de vie de Knock . Celui-ci, en bon charlatan, arrivera même à convaincre son confrère qu'une maladie inquiétante le ronge... 

  Vous ne pourrez échapper à la plus célèbre des répliques de la pièce de Jules Romains: "est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille?".C'est par cette question posée gravement et d'un ton docte au brave garde-champêtre que la notoriété d'un homme peu scrupuleux et manipulateur, ayant acheté son titre de docteur , va traumatiser et bouleverser la quiétude de ses concitoyens. C'est vrai que l'on vit vieux à Saint-Maurice et que la maladie est le cadet des soucis de chacun. A ce régime, le vieux docteur Parpalaid, aux méthodes traditionnelles, n'a d'autre choix que celui de s'exiler dans une grande ville. Pour cela  il lui faut  vendre son cabinet et une clientèle qu' il n'a pas. Seul  un naïf ou un rusé peut profiter de l'occasion. C'est donc le rusé qui débarque, sûr de sa méthode: consulter gratuitement le jour du marché et trouver à chacun  un mal imaginaire pour  faire revenir les patients  moyennant finances. C'est ainsi qu'en bernant tout son petit monde  il atteint la notoriété et devient le sauveur et  le personnage incontournable de Saint-Maurice. Il a trouvé une astuce imparable: tout être  même bien portant a besoin  d'être rassuré car la peur de la maladie, voire de la mort,  vient  un jour ou l'autre torturer les pensées même des plus optimistes. Le médecin rassurant de la vielle école laisse place au praticien fouineur à l'air sceptique conduisant les gens à se faire peur et à devenir hypocondriaques pour le plus grand profit du docteur Knock et de son allié, le pharmacien. Cette histoire nous démontre en fait tout le profit financier que l'on peut tirer de la maladie en utilisant la supercherie et en influant sur la crédulité des pseudo-malades.

Louis Jouvet. Le Reflet Médicis
     Louis Jouvet

Il est bien certain que cette  célèbre pièce de Jules Romains a attisé la convoitise de certains réalisateurs de cinéma. Après une version tournée en 1933 par Roger Goupillières, voici celle de 1950 réalisée par Guy Lefranc. Dans le rôle du célèbre docteur, Louis Jouvet rempile  puisqu'il tenait déjà le rôle titre du précédent film et d'ailleurs fort brillamment . Cet immense acteur amène son savoir-faire afin de rendre son personnage crédible car le pauvre Guy Lefranc, tel un tâcheron du cinéma, nous livre un film sans originalité et sans envergure. Il se repose uniquement sur des acteurs qui savent jouer la comédie à la perfection tels que,outre Louis JouvetJean Brochard en docteur Parpalaid victime de sa propre entourloupe et de son ambition et Pierre Renoir, le pharmacien un peu complice de Knock. Sympathique de découvrir également dans des rôles plus secondaires Jean Carmet et Louis de Funès.

 

Portrait de Jean Renoir.
     Jean Renoir

On peut se demander ce qui pousse certains réalisateurs à tourner des remakes d'oeuvres assez inoubliables sans apporter la moindre originalité ou le petit plus à leurs films. Ce Knock là se regarde donc agréablement mais manque de truculence.

Si  vous aimez également le théâtre, j'ai eu la joie d'assister à la représentation de cette pièce interprétée par la troupe du "Théâtre de Kronope". Voici  l'exemple même de la manière dont  peuvent être exploitées toutes les facettes de cette oeuvre en alliant originalité et loufoquerie tout en gardant  le propos de l'auteur. Les trouvailles, les astuces de mise en scène et les jeux d'éclairage font merveille. Tout ce breuvage fait passer au spectateur un savoureux moment qu'il est difficile d'oublier. Si cette troupe se produit dans votre région avec ce Knock surprenant, alors n'hésitez pas un moment, précipitez-vous !!!

 

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