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BD numérique, artistes, écrans ? Ok, si on arrête de nous enfler

Par Actualitté
Longue tribune publiée sur Rue89 et signée par Joann Sfar pour faire suite à l'affaire des droits numériques et le lancement un peu sauvage de Iznéo, la plateforme de vente de BD présentée par Media Participations.
BD numérique, artistes, écrans ? Ok, si on arrête de nous enfler« Ainsi que six cent autres collègues, j'ai soutenu cette initiative de notre jeune syndicat afin que les auteurs aient, collectivement, leur place à la table des discussions pour ce qui concerne la numérisation de nos oeuvres », remarque Sfar. Et de dénoncer en parallèle une situation florissante, qui contraint les auteurs de BD à signer à la pelle des projets concernant la numérisation de leurs oeuvres. Si les éditeurs sont aussi paumés que les auteurs, du moins veulent-ils « tenter des choses ». Et ne pas se laisser marcher sur les pieds par les futurs cadors, Amazon, Apple, Google...
Librairie, droits numériques...
« C'est un sujet d'autant plus sensible que nombre d'entre nous avons pu assister à la catastrophe qu'ont vécu il y a quelques années nos camarades musiciens », souligne-t-il. Piratage, rétribution, gratuité sont passés en revue. Et en parallèle, « auteurs et éditeurs tentent à tout prix de défendre le prix unique du livre sans lequel la librairie française se porterait très mal aujourd'hui ».
Pour son cas personnel, Sfar avoue avoir passé avec ses éditeurs, Gallimard et Dargaud, par exemple deux types d'accords :
  • que ces adaptations numériques se fassent au coup par coup et après concertation précise,
  • qu'elles soient très limitées dans le temps.
Sauf que cette situation est tenable pour des grosses pointures de son genre, ou des Trondheim, mais pour les petits, quel sera l'enjeu ? Et surtout les alternatives ? Si le traitement au cas par cas doit être la norme, tout le monde ne l'imposera pas... « Bien entendu, les discussions d'un contrat sont avant tout individuelles, mais s'agissant d'exploitations totalement nouvelles, les auteurs ont besoin qu'on invente des conventions, un cadre de discussions. »
Trouver du nouveau, mais sans se faire enfler
Et puisque le syndicat des auteurs de BD fait des appels du pied à la rue de Valois et qu'en retour, le ministre manifeste un intérêt certain pour ces questions, on pourrait se prendre à rêver... Se souvenant d'un récent discours fait au ministère (durant lequel les invités ont poliment attendu avant de se jeter sur les petits fours...), Sfar évoque les solutions nouvelles de ces écrans lumineux, « peuvent afficher des couleurs qui n'existeront jamais sur du papier ».
Quand on est frustré depuis vingt ans par le fait qu'aucun imprimeur ne peut rendre exactement l'effet d'une aquarelle on ne peut s'empêcher de se demander ce que donnera un écran. C'est sans doute intéressant de se demander ce que ces jouets qu'on nous impose peuvent nous apporter.
Alors si le papier reste son chouchou, parce que Sfar c'est un garçon dégueu qui aime se « salir les doigts » (sic !), les jouets que représente le numérique lui laissent envisager de belles choses pour l'avenir. Et des créations nouvelles. Et des développements autres. Plein de choses vers lesquelles aller, parce que « dès qu'on verra s'éloigner la désagréable sensation de se faire enfler, ça sera très intéressant de regarder ces petits écrans avec un oeil d'artiste ! »

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