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La rafle

Par Sheumas

Le mot est violent, il traîne avec lui des relents de peste brune. Comme le document vidéo gris qui ouvre le film sur la silhouette du führer et l’arrogance des nazis paradant dans les rues de Paris… Le ton est donné. La contagion de la barbarie dans chaque milimètre de pellicule.

Et pourtant, dès le début, et c’est là l’une des forces de « la Rafle », la violence semble refluer un instant, laisser le champ libre à la pure humanité. Funambule de l’ironie tragique, la réalisatrice parvient malgré tout à filmer la légèreté et le bonheur de vivre... Un manège qui tourne à proximité de Montmartre, un manège qu’on croirait sorti d’une scène d’Amélie Poulain, une joyeuse cavalcade d’enfants dans les rues du vieux Paris, le visage doux d’une infirmière, la voix du fou chantant à la radio, des airs entraînants qui font danser, même dans le périmètre d’un camp de concentration, des chants traditionnels juifs égarés dans la forêt d’un « grand Meaulnes », l’odeur d’une madeleine qui franchit des barbelés, le sourire d’un enfant au regard angélique…

Autant d’éléments qui donnent à ce film une émouvante gravité. Mais le spectateur sait parfaitement que, dans cette période grise des années d’Occupation, la vie n’offre plus aux familles d’origine juive qu’un filet de mansuétude... Le couteau de la rafle se taille plusieurs phases : l’humilation, la déportation, la séparation des enfants et des parents, puis enfin l’élimination.

Certaines scènes sont insoutenables. L’étau de la Violence et de l’Inhumanité étreint les lèvres de la Vie. Et, au fur et à mesure que les deux machoires se referment, les enfants égarés peuvent seulement saliver devant le bonheur qui s’enfuit. Le spectateur s’essuie les yeux, détournent le regard. Les images ne montrent plus la légèreté, la fantaisie, le bonheur des choses simples : elles montrent l’évanouissement de la Vie.

NB : pour cause de déplacement, pas de blog jusqu’à vendredi ! A bientôt !


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