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22, v'là la BPM !

Publié le 12 avril 2010 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou 

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Si j'étais un élu politique, je lutterais pour imposer la création d'une Brigade de Protection Musicale (BPM, z'avez saisi l'astuce ? Et ça se prononcerait bi-pi-ème, ça éclabousse plus, non ?). Ces policiers du son se baladeraient fièrement dans leur fringant uniforme, leur regard d'acier caché par des lunettes miroir, mastiquant un chewing-gum de leurs mâchoires puissantes, un décibelmètre à la main, prêt à fondre sur toute personne représentant un danger pour nos tympans.

Leurs cibles de choix, ça serait d'abord les types (c'est rarement des femmes, merci mesdames) qui circulent à bord de leur voiture, fenêtres ouvertes et musique à fond. On peut les classer en trois grandes catégories : les beaufs qui partent faire leurs courses à Auchan, en survêtement évidemment, c'est plus pratique pour se gratter les burnes au feu rouge, et qui veulent absolument faire partager à leurs concitoyens leur goût immodéré pour la variété française des années 80. Ils circulent sur le parking de la grande surface, à la recherche d'une place pas trop éloignée des caisses, et tant pis si c'est une place Handicapé, au son de "Je te survivraiiiiiii". Ben non, justement, moi je ne peux pas survivre à ça. Il y a aussi le jeune qui vient d'avoir son permis de conduire. Moulé dans son t-shirt Kaporal sans manches, il place des accélérations fulgurantes (pour lui. C'est normal, trois mois plus tôt, il roulait encore en scooter 50 cm3) à bord de la Clio Sport payée par Papa. On l'entend arriver de loin, les "poum-poum-poum" qui s'échappent de ses méga boomers lui servent d'avertisseur. Basse ton chemin ! Et puis il y a les cailleras qui remontent au pas les boulevards dans leur cabriolet BMW, fausse casquette Vuitton posée sur la tête. Ils reluquent les meufs derrière leurs lunettes de soleil, utilisant la musique pour attirer leur attention. Pseudo R'n'B bien sirupeux ou rap agressif de rigueur.

ghetto blaster
L'attitude de ces gens me plonge dans l'incompréhension.  Pourquoi faire supporter aux autres leurs mauvais goûts musicaux ? Bon, pardon, le mot "mauvais" est de trop, chacun écoute ce qu'il veut après tout. Mais sans l'imposer aux autres. C'est marrant, je n'ai jamais entendu les Beatles sortir à haut volume des enceintes d'une voiture. Ou du jazz. Ou de la musique classique. Remarquez, un truc comme "La chevauchée des Valkyries" à fond, ça, ça imposerait le respect. Là les autres automobilistes se dépêcheraient de dégager le passage, les piétons feraient fissa pour traverser, s'attendant d'un instant à l'autre à être fauchés par des rafales de 12.7. Apocalypse, now !

Un autre fléau pour les oreilles, ce sont les jeunes qui écoutent de la musique sur leur téléphone portable. Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de ces envahissants appareils (c'est là : Plaie mobile). J'avais oublié cette nuisance supplémentaire. Vous êtes à l'arrêt de bus, votre cabas à la main, pensant à la bonne potée auvergnate que vous allez préparer pour le dîner. Soudain, trois ou quatre jeunes viennent attendre à côté de vous, leur téléphone portable de survie à la main. Si vous avez de la chance, ils écoutent tous la musique que diffuse le portable de l'un d'entre eux. Si vous n'avez pas de chance, chacun écoute sa musique, ce qui donne une indigeste mixture (pire que la potée auvergnate). Là encore, je n'ai pas à juger de la qualité de ce qu'ils écoutent, tout le monde ne peut pas apprécier le punk ou la pop anglaise, mais ce que je ne comprends pas, c'est comment on peut écouter de la musique dans ces conditions ? Ben on ne peut pas, justement. Alors ils mettent le volume à fond, c'est une cacophonie, le son est pourri, mais ça n'a pas l'air de les déranger.

Pour l'instant la BPM n'existe pas, mais je vais quand même donner l'exemple, en me dénonçant publiquement et en faisant mon auto-critique : vers 1985-86, avec mes copains, on était des rebelles, des vrais (en tout cas, jusqu'à 19h, l'heure de rentrer chez nos parents), on se baladait avec un gros ghetto blaster, déversant (à fond, bien sûr) les Clash ou du dub sur les pauvres passants que nous croisions. A l'époque, on avait l'impression d'être super cools. Aujourd'hui, je sais que ce n'était pas bien. J'ai honte et je demande pardon. Ah, ça va mieux.


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