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My Blueberry Nights

Par Va33

Cyniques, passez votre chemin. Le cinéaste le plus romantique du monde a encore frappé, aux Etats-Unis et en langue anglaise qui plus est. Pas aussi irrésistible que Chungking Express ou In the Mood for LoveMy Blueberry Nights est sans doute ce qu'on appelle un film mineur. Mais même modeste après les ambitions démesurées de 2046, même orphelin de la beauté asiatique, le nouveau film de Wong Kar-wai étonne. 

My Blueberry Nights

Où avait-on déjà vu une héroïne au regard aussi clair ? Un flic malheureux à vous arracher des larmes? Entendu images et chansons se marier de la sorte ? Alchimiste de la beauté, magicien de l'émotion, le cinéaste chinois de Hongkong parvient dans ce film à réenchanter une Amérique qu'on croyait désormais vouée à une triste médiocrité ou au réalisme désenchanté de ses auteurs les plus intelligents.
A Cannes, My Blueberry Nights a connu un flop retentissant. Trop fragile et déconnecté, ou trop attendu? Toujours est-il que, comme 2046 avant lui, le film est depuis retourné en salle de montage pour en ressortir aminci: 95 minutes au lieu de 111! Adieu donc une narration introductive sur plan de Venice Beach en Californie et bienvenue à une chanson de Norah Jones («The Story») en guise de prélude. Après tout, il s'agit d'un film écrit spécifiquement pour lui offrir son premier rôle au cinéma. Pour le reste, le montage a juste été resserré, accélérant le mouvement. Tant pis pour les ronchons.
Il se pourrait d'ailleurs que la minceur du récit soit sa première vertu. On y assiste à la guérison affective d'Elizabeth, jeune femme au cœur brisé par un indélicat. Consolée avec un régime de tarte aux myrtilles par un beau propriétaire de bar (Jude Law) à New York, elle fuit un nouvel attachement prématuré, part sur les routes et devient le témoin d'une tragédie amoureuse (David Strathairn et Rachel Weisz) à Memphis puis le jouet d'une joueuse (Natalie Portman) au Nevada avant de se décider à faire de nouveau confiance à l'amour. Minimal ? Oui, mais de sorte à laisser à l'écriture le soin de dire l'essentiel.
Si le film déçoit un peu, c'est surtout du fait de certaines idées sous-exploitées, comme la vidéo de surveillance du bar ou le motif des clés abandonnées. Comme si le génial improvisateur n'avait pas suivi la ligne mélodique lancée par son partenaire. Grief minime en regard de l'enchantement tenace que distille My Blueberry Nights. Même à la limite de l'affèterie, voilà un film qui devrait parler à tous ceux qui cultivent encore le goût de la beauté.


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