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La jeune fille de l'eau

Par Actarus682

LADY IN THE WATER (La jeune fille de l'eau) (M. NIGHT SHYAMALAN - 2006)Dans la filmographie de M. Night Shyamalan, une évolution peut clairement être observée à partir du mal-aimé Le village (2003). En effet, le metteur en scène développait jusqu'alors des thématiques qui trouvaient une résonnance extrêmement profonde chez le spectateur (Sixième sens, Incassable, Signes). A partir du Village, Shyamalan, tout en continuant de s'attacher à des propos touchant à l'intime, a également sous-tendu ses films d'un point de vue critique sur la société contemporaine, qu'il soit politique ou sociologique.

Ainsi, la communauté du Village reflétait la politique sécuritaire de l'administration Bush en montrant un groupe de dirigeants créant une peur fictive d'une menace extérieure, et donc usant du mensonge, afin de protéger les habitants de la communauté. Le propos de The happening (Phénomènes, 2008), mettait l'accent sur le comportement profondément individualiste et égoïste de l'être humain confronté à une menace extrême, et dégageait à ce titre une vision extrêmement pessimiste de l'humanité.

La jeune fille de l'eau s'inscrit lui aussi dans cette tendance en présentant un microcosme (les habitants d'une résidence), vivant en quasi-autarcie (le choix du huis-clos est ici significatif), et présente une vision extrêmement pessimiste du monde actuel (tous les téléviseurs apparaissant dans le film présentent des images de guerre).

LADY IN THE WATER (La jeune fille de l'eau) (M. NIGHT SHYAMALAN - 2006)

Par ailleurs, les dialogues parsemant le film et débattant du fait de savoir si l'homme mérite ou non d'être sauvé s'inscrivent totalement dans cette logique. Cependant, Shyamalan fait jaillir un espoir dans ce pessimisme ambiant, comme il l'avait déjà fait avec The happening et, dans une moindre mesure, Le village. En effet, le metteur en scène mise sur la prise de conscience de l'être humain, cette dernière jaillissant d'un éveil sur le rôle que chacun doit jouer dans le monde. Cette thématique chère au réalisateur (elle était déjà au centre de Sixième sens et de Incassable), prend tout son sens au fill d'un récit utilisant le conte pour exposer son propos. Chacun devra en effet trouver sa place dans le cadre de ce conte et s'éveillera alors au monde, retrouvant ses espoirs perdus.

LADY IN THE WATER (La jeune fille de l'eau) (M. NIGHT SHYAMALAN - 2006)

Par ailleurs, le réalisateur souligne l'importance qu'il accorde à l'absence de cynisme dans le rapport que l'on entretient avec l'oeuvre d'art, à travers le personnage du critique, dont la suffisance, l'absence d'innocence et la prétention le mèneront à sa perte, dans une scène d'une grande intelligence.

LADY IN THE WATER (La jeune fille de l'eau) (M. NIGHT SHYAMALAN - 2006)

Il s'agit également de rappeler le procès totalement injuste dont Shyamalan a fait l'objet à la sortie de La jeune fille de l'eau à propos du rôle qu'il s'est accordé dans le film, celui d'un écrivain dont l'oeuvre changera le monde. Certains y ont vu de la suffisance et de la prétention, alors qu'il ne s'agit que de légitimité: en effet, le rêve de tout artiste est d'influer, par son oeuvre, sur les mentalités, les comportements, le monde. Shyamalan a simplement exposé le désir de tout artiste à l'intérieur de son film. Certains y ont vu de l'arrogance alors qu'il s'agit de sincérité.

LADY IN THE WATER (La jeune fille de l'eau) (M. NIGHT SHYAMALAN - 2006)

Enfin, il faut souligner l'extraordinaire finesse de jeu de Paul Giamatti dans le rôle du concierge, et notamment la scène dans laquelle il s'adresse à sa famille, en larmes, le corps de la diaphane Bryce Dallas Howard dans les bras. Cette séquence, d'une émotion qui vous submerge, constitue le point d'orgue d'un film bien plus riche que ce que certains ont voulu y voir.


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