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Moulage

Publié le 16 avril 2010 par Myarts

MoulageImage : REUTERS/Gerardo Garcia

Les temps changent. Le moulage du corps humain est passé de l’inacceptable à un moyen rapide pour obtenir une copie 3D du corps humain dans sa représentation la plus naturelle.

Nous avons parfois cette étrange impression que les normes de l’acceptable s’assouplient. Elles se transforment graduellement, elles se métamorphosent et dérivent lentement au point où nous nous demandons si c’est bien encore une question de l’acceptabilité, ou bien c’est l’incapacité humaine de mettre en perspective la qualité intrinsèque d’une chose, et de l’apprécier à sa juste valeur.

La création artistique, bien qu’elle n’est qu’une petite dimension des activités humaines, elle subit et soumis au même mécanisme de mutation en matière de l’acceptabilité. La création artistique s’individualise, se multiplie et se disperse dans ce vaste monde au point où les sujets, même les plus singuliers trouvent manifestement leurs admirateurs. Ils parviennent à s’harmoniser à la panoplie d’intérêts personnels toujours un peu plus isolés, mais en croissance en termes de nombre. Par le fait, l’acceptable se définit souvent par l’acclamation.

Les travaux de moulage Jason de Caires Taylor nous rappellent de cette histoire de moulage de Rodin. En 1877, Rodin, alors âgé de 37 ans, réalise sa première œuvre majeure : L’Âge d’airain. Une statue grandeur nature d’un jeune homme, en plâtre. Le réalisme de sa sculpture fait une telle impression parmi le public de son époque. On l’a alors accusé d’avoir fait un moulage sur un modèle vivant. Malgré le scandale (à bien y penser, le mot « scandale»  est peut-être un peu fort…) le succès retentissant de cette oeuvre a permis à Rodin de mener une carrière florissante de 40 ans.

est-ce du moulage?

L’appréciation du réalisme en art est devenue avec le temps, une affaire ordinaire sans importance. Par contre, la singularité d’une oeuvre prend du galon dans le monde des arts visuels tant dans son acceptation par le grand public que chez les initiés. On oublie trop souvent que la singularité en art, c’est comme des nouvelles saveurs de croustilles, sans limites. Une fois le goût des chips à saveur nature connu, la suite de l’histoire des croustilles n’est-elle pas qu’une histoire de « maquillage »  de goût? De nos jours, autour d’un sac de chips, il y a des gens qui travaillent pour gagner leur vie, des stratèges en marketing pour faire mousser les ventes, des publicistes talentueux pour illustrer le produit au goût renouvelé, des chercheurs émérites de nouvelles saveurs, des consommateurs à la recherche de nouvelle sensation buccale, des dirigeants producteurs de croustilles en quête des performances financières, etc. Ainsi, l’histoire des croustilles se perpétue à l’image du moulage en art. Pouvons-nous de nouveau proclamer : l’art est mort, l’art est recyclé?

Est-ce notre monde qui est fait de paradoxes et de contradictions, ou encore, parce que nous ne sommes pas en mesure d’assimiler les infinies combinaisons de perspectives pour voir notre monde? Une chose est certaine, L’ombre et la lumière en volume ont poursuivi l’art de Rodin jusqu’à la Porte de l’Enfer. Le peut-être génie de De Caires a conduit ses moulages grandeur nature au fond de l’océan. Que le temps ne nous donne pas raison…


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