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Van Gogh, encore !

Publié le 16 avril 2010 par Marc Lenot

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Comment peut-on encore faire une nouvelle exposition sur Vincent van Gogh ? Que peut-on montrer, et dire, qui ne l’ait déjà été ? Le choix de la Royal Academy, à Londres (jusqu’au 18 avril), a été de mettre l’accent sur les lettres de van Gogh. Le choix des tableaux est intéressant, avec quelques oeuvres de collections privées rarement montrées, même si les habituels pisse-froids regretteront, après le Cri ailleurs, l’absence ici de Tournesols, de l’oreille coupée ou des corbeaux d’Auvers. Beaucoup de dessins aussi, et on peut voir ainsi son lent apprentissage, ses difficultés à maîtriser la perspective, son incapacité à rendre réalistiquement des raccourcis complexes (plusieurs dessins de paysannes courbées vers la glèbe pour aboutir à ce tableau Paysanne bêchant, juillet 1885, conservé à l’Université de Birmingham).

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Mais surtout, cette exposition, voulant montrer ‘The real van Gogh’, met l’accent sur l’homme, sur sa personnalité, sur ses états d’âme, ses doutes, ses explorations, tels qu’ils s’expriment au fil de ses 900 lettres conservées (dont 80% à son frère). Rares sont sans doute les artistes sur lesquels on dispose d’un tel matériau, et, dès le début (même si Jo van Gogh tenta vainement de le limiter au début) l’intérêt s’est porté autant sur l’homme que sur l’artiste.

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Malheureusement, une exposition grand public est le pire endroit pour lire des lettres sur de petits feuillets (dont, de plus, un bon nombre sont en néerlandais); certes une partie du texte est retranscrite sur les cartels, en assez petits caractères. Mais, en fait, au bout de peu de temps, on ne regarde plus ces lettres que comme des carnets d’esquisse ou, plus souvent, de reproduction, comparant le dessin sur le papier et le tableau heureusement disposé à côté et lisant plus ou moins distraitement les quelques mots descriptifs que van Gogh ajoute.

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En somme, c’est une fausse bonne idée : mieux vaut lire tranquillement les lettres chez soi dans la superbe édition en fac-similé qui vient de sortir, si on peut se l’offrir, ou bien sur ce site, et puis aller séparément voir les tableaux, à Londres, Amsterdam, Otterlo ou ailleurs au gré des expositions. Et, à cette aune, celle-ci, sans être la meilleure, n’est pas mal. Plutôt que des tableaux très connus, voici ci-dessus quelques découvertes, Deux crabes (janvier 1889, collection particulière). Puis une Nature morte à la Bible, l’autre livre étant ‘La Joie de Vivre’ de Zola : en octobre 1885, tableau éminemment symbolique du dilemme de van Gogh (au Musée van Gogh). Et enfin un dessin (croquis de vieux chaumes, écrit-il) dans sa dernière lettre (n°902) envoyée à Theo le 23 juillet 1890, quatre jours avant son suicide (le tableau ‘Les chaumes du Gré’ est resté à Zurich). 

Quelques billets précédents sur van Gogh:
- une fiction, à l’occasion de l’exposition Millet-van Gogh à Orsay;
- son seul tableau vendu de son vivant, à Moscou;
- sa seule photo (ou presque). 


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