Magazine Cinéma

SHE WORE A YELLOW RIBBON (La charge héroïque) (John Ford - 1949)

Par Actarus682

http://4.bp.blogspot.com/_vTeJMwdZvd4/Sl0WgP2IYPI/AAAAAAAAAsI/X4sxHCyPMrE/s400/She+Wore+A+Yellow+Ribbon+poster.jpgSitué dans la filmographie de Ford entre Fort Apache (Le massacre de Fort Apache, 1948) et Rio Grande (1950), She wore a yellow ribbon fait partie de la trilogie consacrée par John Ford à la cavalerie. Comme l'indiquait Lyndsay Anderson, grand admirateur et spécialiste de Ford auquel il consacra un ouvrage (About John Ford), "faire des films qui témoignent de tant d'amour pour les traditions militaires sans être militariste relève de l'exploit".

En effet, ce qui intéresse avant tout le metteur en scène dans la vie militaire, ce sont les valeurs qu'on y trouve: la solidarité, la fraternité, la dévotion, et plus que tout, l'attachement à l'esprit de communauté. Cette esprit de communauté sous-tend l'intégralité de la filmographie fordienne, de Qu'elle était verte ma vallée (1941) à Fort Apache (1948), en passant par Les raisins de la colère (1940) ou Young Mr Lincoln (Vers sa destinée, 1939).  Ainsi, tous les films de Ford mettent en avant l'importance de la communauté et fustigent l'individualisme. She wore a yellow ribbon ne fait pas exception à la règle.

http://www.annyas.com/screenshots/images/1949/she-wore-a-yellow-ribbon-title-still.jpg

Après la défaite du général Custer à la bataille de Little Big Horn (voir sur ce sujet l'admirable film de Raoul Walsh, They died with their boots on (La charge fantastique, 1941), les tribus indiennes se regroupent afin de faire face à l'armée américaine. Dans ce contexte, le capitaine Nathan Brittles (John Wayne), à la veille de partir à la retraite, devra mener à bien une dernière mission.

Tourné dans un magnifique technicolor, qui vaudra au chef opérateur Winton C. Hoch l'oscar de la meilleure photographie en 1950, She wore a yellow ribbon répond au souhait de John Ford de retrouver les couleurs des tableaux de Frank Remington.

http://1.bp.blogspot.com/_mHVCpqVgj_0/SkR569735NI/AAAAAAAABlA/n3Glzstuv6U/s400/yellowribbon01.jpg

En décrivant la vie à l'intérieur du fort qui sert de base aux protagonistes du film, Ford dépeint par petites touches le quotidien qui s'y déroule, qu'il soit militaire, personnel ou sentimental. Ainsi, la nièce du commandant du fort (excellente Joanne Dru) est convoitée par 2 jeunes soldats, et arrivera le jour où ses cheveux arboreront le fameux ruban jaune du titre, lequel servait aux femmes et filles de militaires à faire savoir à l'entourage que leur coeur était pris.

http://3.bp.blogspot.com/_mHVCpqVgj_0/SkR57V-3zII/AAAAAAAABlY/AVmZ4xC8DOk/s400/yellowribbon12.jpg

Par ailleurs, le film est baigné dans une mélancolie permanente, palpable, qui culmine lors de 2 scènes proprement inoubliables. La première nous montre le personnage de John Wayne, se recueillant sur la tombe de sa femme et s'adressant à elle sur fond de ciel rougeoyant. Soudain, une ombre se dessine sur la pierre tombale, et apparait alors le personnage de Joanne Dru. Cette scène, extrêmement tendre, constitue l'un des plus beaux moments fordiens.

http://www.dvdtimes.co.uk/protectedimage.php?image=MikeSutton/ribbon1.jpg

La seconde scène extrêmement mélancolique se situe en fin de métrage, lors de l'adieu du capitaine Brittles à ses hommes. Ces derniers lui ayant offert à cette occasion une montre gousset, Brittles la retourne afin d'y lire l'inscription que ses hommes y ont fait apposer. Il sort alors discrètement une paire de lunettes afin de pouvoir y lire le mot d'adieu, la gorge serrée et les larmes aux yeux. Scène d'une extrême finesse sur la vieillesse et le temps qui passe, elle reste elle aussi comme l'une des plus admirables de John Ford.

http://tcmmoviemorlocks.files.wordpress.com/2009/04/nathan-brittles.jpeg

C'est donc un film d'une très grande tendresse et d'une mélancolie de chaque instant que proposait John Ford, en même temps qu'une nouvelle déclaration de son attachement aux valeurs de la communauté, de la collectivité, dans laquelle l'individu ne peut qu'entrer s'il souhaite accéder au bonheur.


Retour à La Une de Logo Paperblog