2010, les temps sont rudes pour les MC à la gomme. La grande faucheuse récolte le fruit de son labeur, la moisson à été bonne une fois de plus… En guise de bras armé, la mort s’est offert deux bourreaux de choix en la personne de Marco Polo et de Ruste Juxx, exécuteurs consciencieux de la sale besogne, fossoyeurs appliqués des âmes égarées. Après une collaboration avec Torae un peu décevante sur Double Barrel, le producteur canadien s’est accoquiné cette fois-ci avec le rappeur du Boot Camp pour un opus dont le titre colle parfaitement au concept de rap hardcore.
Au sein des quartiers lugubres de NYC, The Exxecution se dresse tel un échafaud ensanglanté pour MC et producteurs corrompus. La sentence du beatmaker est irrévocable. Epaulé par DJ Revolution (« The Exxecution Intro »), l’homme clef des introductions aux cuts assassins, Marco Polo conduit le condamné au pied de la guillotine sur un air macabre, afin que Ruste Juxx, parfait dans son rôle d’agent d’exécution, prononce la peine capitale (« Death Penalty ») et lave le plancher de ce sang impur.
Les têtes tombent au rythme implacable du verbe. Le béton se gorge de liquide pourpre et la lame ne cesse de trancher, encore et encore. La tuerie transporte bientôt les deux garçons bouchers dans une folie débridée (« You Can’t Stop Me ») et mettent en garde les détracteurs de l’underground sur le transcendant « Watch Your Step ».
Le ton est clairement affiché, les deux hommes ne sont pas là pour faire dans la dentelle. Pour cela, ils tranchent avec frénésie dans la chair de leurs victimes au son d’un « Rearview » aux forts relents de putréfaction et autres miasmes putrides. Même apaisés, nos égorgeurs invétérés conservent cette froideur intacte qu’ils expriment sur des titres à la profondeur insondable comme « I Am On It », « Wings On Your Back » et d’inviter les carnassiers de Black Moon sur « Lets Take A Sec » au beat relevé par des violons amorphes à la beauté ténébreuse. Lancés à la poursuite de leurs proies jusque dans les caves obscures du hood nauséabond, « Bread On Ya Head » fait office d’hymne épique à cette chevauchée sauvage. Une fois rejoints par les seconds couteaux que sont Rock et Freddie Foxxx, le carnage est inévitable sur « Take Money » malgré des drums un peu faibles, mais qui n’entravent en rien la détermination des intéressés. L’hémoglobine se répand sur le sol, abreuvant ainsi les égouts de ce nectar issu de leurs vendanges féroces.
The Exxecution, fleuron de la débauche hardcore marque incontestablement au fer rouge ce début d’année.
Polo et Ruste forment un duo féroce et très imagé, peu enclin aux concessions, sorte d’inquisition moderne du rap ou de régulateur c’est selon. L’album y délivre une force brute
ainsi qu’une grande maîtrise tant du point de vue des productions que du flow. Une excellente livraison après les dernières prestations mitigées des deux personnages.