Magazine Bd

Shutter Island (2010)

Par Caladan
  Shutter Island (2010)  Adaptation d’un roman à succès de Dennis Lehane (Rivages, 2003), Shutter Island est un thriller psychologique palpitant qui surprend de la part de Scorsese.
Abandonnant ses traditionnels opéras mafieux, Scorsese convoque dans Shutter Island toutes les figures du film noir : un détective, en prise avec un passé douloureux, chargé d’une enquête dont les véritables implications le dépassent, la femme fatale (les conseils maléfiques du fantôme de Dolores), le complot orchestré par une organisation secrète…
Très vite, il apparaît que la disparition de Rachel Solando est une fausse piste, un leurre disposé pour attirer le marshall Teddy Daniels sur l’île mystérieuse.
Le détective lui-même n’est pas dupe. S’il a accepté la mission, c’est qu’il suivait la piste d’Andrew Laeddis, le pyromane qui provoque la mort de son épouse et qui est enfermé dans l’asile de Shutter Island.
Plus tard, il avoue à son co-équipier Chuck ne plus être motivé par ce mobile de vengeance (il est écoeuré par ce mobile depuis qu’il a participé au massacre des gardiens d’un camp de concentration).
En suivant la piste d’Andrew Laeddis, il a rencontré George Noyce, un des rares survivants de  l'asile Ashecliffe, qui l’a convaincu que l’on s’y livrait à des expérimentations sur le cerveau des patients, peut être avec la complicité d’ex-officiers nazis.
Si Teddy Daniels est sur l’île de Shutter Island, c’est donc pour dévoiler une sinistre vérité, minutieusement dissimulée par de puissantes forces occultes (ce qui se révèlera exact !).
On comprend rapidement qu’à travers ces investigations le détective enquête aussi sur lui-même, qu’il entretient des conflits non résolus avec un passé qui envahit littéralement son esprit.
Sa vie présente est constamment perturbée par les fantômes, qu’il s’agisse de sa femme décédée qui vient lui parler dans ses songes, de flash-backs des camps nazis, ou de mystérieux enfants accusateurs…
Tant et si bien que passé et présent, fantasmes et réalité finissent par se confondre… et perd le spectateur entre milles hypothèses, entretenant suspens et ambiance angoissante.
Pour illustrer son propos, Scorsese fait appel à un symbolisme élaboré.
Il a incité ses acteurs à visionner Vaudou, film de 1943 de Jacques Tourneur, où l’on voit le tableau L’Ile des morts du peintre suisse Arnold Böcklin, un des principaux représentants du symbolisme allemand, dont s’inspire Shutter Island.
Shutter Island (2010)Shutter Island (2010)
On retrouve aussi les symboliques de l’ange, du rêve et de l’eau.
Ce dédale psychologique sophistiqué évoque la filmographie de Lynch tandis que le coup de théâtre final lorgne du côté de Shyamalan.
Le motif de la violence physique, central dans la filmographie de Scorsese, est quasiment absent du film. L'enquêteur résiste aux harcèlements du directeur qui, ramenant Daniels en voiture dans une longue séquence, cherche à déchaîner en lui la violence.
C'est donc bien un film en rupture avec l'oeuvre de Scorsese.
Il faut souligner l’interprétation convaincante de Di Caprio.
Me voila réconcilié avec Scorsese qui m’avait fort déçu avec Gangs of New York (Les Infiltrés étaient déjà pas mal) !
Bande annonce :

Film américain de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams. (2 h 17)
www.shutterisland.com/

Retour à La Une de Logo Paperblog