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Coluche et Desproges, trente ans après

Publié le 20 avril 2010 par Sergeuleski


Dieudonné atomise Zemmour
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(Cet extrait a été posté vendredi 16 avril 2010, sur Dailymotion)

Quand Dieudonné "se paie" Zemmour, c'est le fantôme de Coluche et de Desproges qui remue ses chaînes et qui revient hanter une France tout autre, et dont ils auraient sans doute le plus grand mal à déchiffrer les ressorts, comme pris de vitesse et de vertige, avant de tenter de s'y reconnaître et de s’y retrouver. Et pourtant, dans cette France des années 70 et 80 qui savait encore rire d'elle-même et des autres sans avoir à demander l'avis de qui que ce soit, tout était déjà bien en place : les ghettos et les discriminations prospéraient, il est vrai, à l’ombre et dans le silence de la honte - existences tuées dans l'œuf, d’autres bientôt menacées d'étouffement au grand dam d'une majorité silencieuse -, avant que cette honte, celle des pères et des mères, ne cède la place au ressentiment, et puis bientôt... à une haine - celle des filles et des fils -, qui surgira d’une vraie-fausse-nouvelle France : la France du Rap.

Coluche et Desproges, trente ans après

Coluche, de son vrai nom Michel Gérard Joseph Colucci, né le 28 octobre 1944 dans le 14e arrondissement de Paris, meurt le 19 juin 1986. Avec Coluche, c’est la France d’une immigration italienne qui n’est déjà plus, et depuis longtemps, un sujet de dissertation (combien étions-nous à connaître cette origine italienne de Coluche ?) - une immigration assimilée jusqu’à l’indifférence et sa disparition du paysage français -, qui prend et monopolise la parole pendant une bonne dizaine d’années… Un Coluche dont le talent comique cachait pourtant, tel un arbre, une forêt dense de discriminations ainsi que maintes explosions à venir ; discriminations dont les victimes, aujourd’hui, ne nous lâcheront pas de si tôt…

Fichier:Pierre Desproges17.jpg

Pierre Desproges, né en 1939 à Pantin, meurt le 18 avril 1988 à Paris. D’aucuns ajouteront : petit français blanc sans histoire, au métier et à la vie faciles : un coup sur l’extrême droite et ses électeurs (la classe ouvrière), et un coup sur la gauche (celle du foie gras et du caviar) pour ne pas faire de jaloux.

Et puis… une fois Coluche et Desproges réduits au silence… Voici la France de la Traite, de la Colonisation et de toutes les discriminations, et qu'un Dieudonné tente d'incarner, avec plus au moins de bonheur depuis 15 ans, qui monte sur scène sans demander la permission à quiconque…

Fichier:Dieudonne2.jpg

Avec Dieudonné, nom d’artiste de Dieudonné M'bala M'bala, né le 11 février 1966, force est de constater que Coluche et Desproges prennent comme un sacré coup de vieux ! Pour un peu, et rétrospectivement, la France des années 70 et 80 nous semblerait douce à vivre, facile à plaisanter, à sourire et à rire : une France d’une force tranquille. Rien de surprenant à cela puisqu’il s’agira d’une France qui ignorera superbement les plus faibles et des laissés-pour-compte par millions. Une France à retardement donc, comme la bombe du même nom.

Bien sûr, Dieudonné, c'est la France du ghetto, de tous les ghettos et de toutes les discriminations ; c’est aussi une tranche d’Histoire qui peine à trouver sa place et à se faire accepter, même au prix d’un froissement de l’orgueil national… Une France du délabrement politique et social ; un délabrement maintenant consommé, proche du pourrissement... Une France dans laquelle quarante ans de Front national auront fini par avoir raison chez toutes les élites médiatiques (à ne pas confondre avec les élites morales et intellectuelles qui elles, ont déserté les médias depuis plus de trente ans) d'un "on ne peut pas tout dire et surtout pas n'importe quoi" : Finkielkraut, Chirac, Zemmour, Hortefeux, Luc Rosenzweig, Frêche, Elisabeth Lévy,jusqu'au Président Sarkozy en campagne et hors campagne (libre à chacun de compléter cette liste)... Violence sociale, violence verbale, discrédit des élites politiques, économiques et médiatiques ; tout comme cette mondialisation qui n'a de comptes à rendre à personne… Plus rien ne fait peur puisque tout est destiné à faire peur… Voici alors venu le temps de la catharsis, chacun selon ses moyens, son statut et son pouvoir dans une épuration de toutes les peurs et de toutes les frustrations pour les uns, et de toutes les injustices pour les autres. A chacun son spectacle et son public : décomplexés, on se libère enfin ; et les coups donnés sont et seront de ceux qui les et les auront reçus.

Mais… et c’est là que le bât blesse, c’est bien sur le dos des plus faibles que cette catharsis s’opère ! Communautés démunies, sans pouvoir politique, économique, intellectuel et médiatique, et qui, aux yeux d’une majorité qui se croit encore non concernée parce que… à l’abri, n'a qu'un visage : celui de l'extrémisme religieux et de la délinquance. Aussi, ces communautés n'ont plus qu'une arme :  dénoncer sans relâche une hypocrisie qui ne se cache même plus, assumée comme telle, à prendre ou à laisser, jetée au visage de ceux que la justice a désertés ; hypocrisie d’une arrogance nouvelle : celle d’un mépris affiché qui sonne le glas de la politique, de l'intelligence et de tout principe de causalité ; mépris que seuls les imbéciles (ou bien, les salauds ) prendront pour une franchise courageuse et salutaire, et alors qu'il n'est question que d'un... "Tu ne vivras point ce qui ne te sera pas donné à vivre, et que tu ne prendras pas non plus !" sans appel et sans recours.

crédit illustrations : wikipédia


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