Freeman Dyson, né en 1923, est un physicien américain réputé mondialement. Professeur émérite à l'université de Princeton, il est membre de l'académie nationale des sciences américaines et de la Royal Society britannique. En juillet 2009, le New York Times en avait dressé un portrait, soulignant en particulier les raisons de ses convictions climatosceptiques. Nous en publions des extraits, traduits par Courrier International.
« Le vieux savant a vécu pendant plus d'un demi-siècle dans l'une des communautés de chercheurs les plus renommées des Etats-Unis, l'Institute for Advanced Study, à Princeton, dans le New Jersey. Ses idées ont pu mûrir dans la sérénité de ce superbe domaine boisé. Mais c'en est fini. Depuis qu'il a fait son “coming out sur le réchauffement climatique”, pour reprendre ses propres termes, Freeman Dyson s'est attiré un torrent d'invectives sur Internet, dans les journaux et jusque dans sa boîte aux lettres électronique. Il s'est vu tour à tour qualifié de “crétin présomptueux”, “fanfaron”, “fosse septique de désinformation”, “vieil excentrique” et “savant fou”. Car Dyson a eu l'imprudence de déclarer que les accès de fièvre du climat n'étaient peut-être pas si néfastes puisque le dioxyde de carbone favorisait la croissance des plantes. Et il a même ajouté que, si le niveau de CO2 devenait trop important, il serait toujours possible de le réduire en cultivant massivement une espèce génétiquement modifiée d'arbres “mangeurs de carbone”.
Freeman Dyson n'est pas n'importe qui. Ce Britannique arrivé aux Etats-Unis à l'âge de 23 ans est considéré par beaucoup comme un génie des mathématiques. Après avoir côtoyé les plus grands esprits de son temps – Albert Einstein, Richard Feynman, Niels Bohr ou Enrico Fermi –, il a produit des travaux révolutionnaires pour le monde de la physique en unifiant les théories quantique et électrodynamique. [..]
Dyson semble considérer l'Univers comme une série de problèmes interdisciplinaires qui n'existent que pour être résolus. Le réchauffement climatique étant la grande question scientifique de notre époque, il ne pouvait résister à la tentation de s'en emparer. A ses yeux, ce problème n'est cependant qu'un sujet à prendre en considération parmi tant d'autres, à côté du danger des armes nucléaires ou de la pauvreté dans les campagnes. En résumé, il n'est pas convaincu que le réchauffement climatique soit vraiment un problème majeur. Le savant sait parfaitement que “la plupart des gens pensent [qu'il a] tort à propos du réchauffement climatique”. Le fait que les élites américaines tendent à approuver la conclusion de la Conférence scientifique internationale sur le réchauffement climatique qui a eu lieu à Copenhague en mars dernier (“L'inaction serait un crime”) ne fait que renforcer la conviction de Dyson. Si l'homme fut un farouche adversaire de la famille Bush avant d'être partisan d'Obama, s'il est opposé à la guerre et milite pour la protection des réserves naturelles, il n'adhère à aucune idéologie et tient le principe de consensus scientifique en profonde aversion. “J'ai le sentiment que, lorsqu'un consensus tend à se former comme la glace au-dessus de l'eau, Dyson fera tout son possible pour y faire un trou”, explique le Prix Nobel de physique Steven Weinberg, qui se dit grand admirateur du vieux physicien (il estime que le comité Nobel aurait dû le récompenser pour ses travaux sur l'électrodynamique quantique).
Il est convaincu que les vérités scientifiques sont si profondément enfouies que la seule certitude que nous puissions avoir, c'est que la plupart des choses que nous pensons se révéleront fausses. Lorsque Dyson participe au débat public sur le réchauffement climatique en faisant part de ses préoccupations, “dues à la faiblesse de nos connaissances, au manque de données et à la superficialité de nos théories”, il parle en tant qu'homme d'expérience. Dyson est avant tout un bon scientifique, il pose les questions qui dérangent. Il pourrait être un prophète dans le désert. Ou bien, et il le reconnaît lui-même, il est possible qu'il se trompe sur toute la ligne.
Il a commencé à faire part de ses réserves sur le réchauffement climatique il y a quatre ans. S'exprimant à l'université de Boston, le chercheur avait publiquement déclaré que “tout le battage autour du réchauffement climatique était largement exagéré”. Depuis, il n'a cessé d'exprimer ses doutes. Il a notamment écrit un essai pour The New York Review of Books affirmant que le phénomène climatique était devenu une “obsession” et le premier article de foi d'une nouvelle “religion séculière mondiale” appelée écologie. Parmi ceux qu'il considère comme les grands apôtres de ce nouvel évangile, Dyson méprise tout particulièrement Al Gore, qu'il a surnommé le “chef de la propagande” environnementaliste, et James Hansen, directeur du NASA Goddard Institute for Space Studies de New York, qui a participé au film d'Al Gore Une vérité qui dérange. Il leur reproche de trop s'appuyer sur des simulations par ordinateur, prophétisant un scénario d'apocalypse avec la fonte des calottes glaciaires, la montée du niveau des océans et l'apparition de tempêtes et de divers fléaux qui dévasteront notre planète. Il accuse ces deux “piètres scientifiques” de détourner l'attention du public de dangers plus sérieux et plus immédiats.
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“Les gens qui étudient le réchauffement climatique en utilisant des modèles de simulation ont toujours tendance à surestimer la fiabilité de leur outil, explique-t-il. Ils en viennent à croire que leurs modèles représentent la réalité et oublient que ce ne sont que des simulations.” Ces instruments tiennent compte des courants atmosphériques et du niveau des océans, mais négligent la chimie et la biologie de l'atmosphère, des sols et des arbres, poursuit-il. “Les biologistes ont été largement tenus à l'écart. Al Gore n'est qu'un opportuniste. Le vrai responsable de cette surestimation des risques du réchauffement climatique, c'est James Hansen. Il exagère constamment tous les dangers.”
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“Nous assistons à un réchauffement des zones froides plutôt qu'à un réchauffement de toutes les régions du monde.” Loin d'imaginer que cette hausse des températures provoquera de terribles catastrophes, il affirme que le carbone pourrait être un facteur bénéfique, le signe que “le climat s'améliore plus qu'il ne se dégrade”, car cet élément chimique est un excellent fertilisant et favorise la croissance des forêts et des récoltes. “Tout au long de l'évolution, la vie a évolué sur une Terre en général nettement plus chaude et plus riche en dioxyde de carbone qu'aujourd'hui”, soutient-il. Pour Dyson, l'acidification des océans, dont bon nombre de scientifiques disent qu'elle perturbe la chaîne alimentaire des espèces marines, est un véritable problème mais dont la gravité est probablement exagérée. Le niveau des océans monte de façon constante, dit-il, mais on “ne peut pas dire quel danger cela représente tant que nous n'en savons pas plus sur l'origine de ce phénomène”.
L'une des principales assertions avancées par Dyson consiste à dire que le réchauffement climatique pourrait prévenir l'arrivée d'un nouvel âge glaciaire. Est-ce vrai ? Personne ne peut le dire. Au-delà de ces points de discorde factuels, Dyson explique que le problème se réduit finalement à “une profonde différence de valeurs” entre, d'un côté, ceux qui estiment que “la nature sait mieux que tout le monde” et que “toute grande perturbation humaine de l'équilibre écologique est un crime” et, de l'autre côté, les “humanistes”, qui affirment (comme lui) que la protection de la biosphère est moins importante que la lutte contre des fléaux autrement plus désastreux, tels la guerre, la pauvreté et le chômage. Dyson a toujours fermement rejeté l'idée d'un écosystème idéal – “la vie s'adapte en permanence”, déclare-t-il. Il déteste également l'idée que les êtres humains ne feraient pas partie de la nature et que nous devrions “nous excuser d'être humains”. Les hommes, poursuit-il, ont le devoir de modifier la nature pour survivre.
Cela explique peut-être pourquoi l'homme qui écrit que “nous vivons sur une planète fragile que notre manque de vision à long terme est en train de transformer en bidonville” se permet également de se moquer des Américains qui manifestent à Washington contre le charbon. Si Dyson aime tant le charbon, c'est essentiellement pour une raison : cette ressource est tellement bon marché que la plupart des habitants de cette planète peuvent y accéder. “Il est tout à fait vrai que les écologistes sont généralement des hommes et des femmes qui n'ont jamais eu à se faire de souci pour leurs notes d'épicier”, explique-t-il. Pour Dyson, “le passage des populations chinoises et indiennes de la pauvreté à la prospérité des classes moyennes serait la plus grande victoire de ce siècle. Mais cela ne sera pas possible sans le charbon.” Cela dit, Dyson considère le charbon comme un simple relais du progrès. “Dans une cinquantaine d'années”, quand l'énergie solaire sera devenue abondante et bon marché, “il y aura beaucoup de bonnes raisons de la préférer au charbon”.
Dyson affirme que c'est uniquement par principe qu'il s'est intéressé au problème du réchauffement climatique. “Selon les apôtres du réchauffement climatique, je suis payé par l'industrie pétrolière. C'est évidemment faux, mais cela fait partie de leur rhétorique.” Le réchauffement climatique “est devenu un positionnement idéologique”. Ce qui le dérange peut-être le plus dans cette affaire, ce sont les experts. Selon lui, ces derniers sont trop souvent prisonniers de l'opinion consensuelle qu'ils façonnent et finissent par croire qu'ils savent tout. Les hommes qu'il admire le plus sont généralement ceux qu'il appelle des “amateurs”, des esprits créatifs et non diplômés comme Bernhard Schmidt, un concepteur de télescope excentrique, à la fois manchot et alcoolique, ou Milton Humason, gardien à l'observatoire du mont Wilson, en Californie, et dont les aptitudes scientifiques lui ont valu d'être intégré au sein de l'équipe d'astronomes. Dyson est surtout un grand admirateur de Charles Darwin, “un véritable amateur qui a battu les professionnels sur leur propre terrain”.
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Freeman Dyson n'est qu'un des nombreux scientifiques réputés qui refusent la thèse de l'origine humaine du réchauffement climatique. Voir cette liste de scientifiques sceptiques sur le réchauffement climatique. Ils remettent en cause l'ampleur du réchauffement, son origine humaine ou ses conséquences négatives.
Image reprise de l'article Wikibéral de Freeman Dyson.