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Anthologie permanente : Christian Prigent

Par Florence Trocmé

Christian Prigent publie Météo des plages, aux éditions P.O.L. (en librairie le 23 avril).  
Dos du livre : "soit une journée à la plage, du « petit-lever » au « nocturne » final, en passant par « pique-nique » et « petit quatre heures ». Des personnages passent (parentèle, filles convoitées, déités en stage dans des marines rococo). Des évènements ont lieu (idylles, marées noires, footing, noyages). On dialogue sur quelques points de morale ou d’esthétique. C’est donc du roman (quoique tué dans l’œuf). Mais en vers. Ces vers sont métrés (mais impairs, non mélodiques), rimés (même si souvent par acrobaties bouffonnes) et distribués en quelques centaines de quatrains".  
2. 
Mais non : cy sont non noms mais plus ou moins 
Matières, chairs, toutes d’odeurs pourries, 
Émues d’ébullitions, subtiles ; mais dessous, loin 
Dans la poudre d’oubli pulvérisée de?, de si 
(Zéro, rien, nada), tout roule boue, goémon 
De quasi, d’enfin – d’appeaux de significations. 
Etwas (quelque chose) : ce vase où tu (te) ch 
(O)ies, c’est l’estran, l’étrangement mâch 
É (naufrages, frai) – ou c’est comme ta tombe (ta 
Dose de réel), la vase sans nom (ton poids 
De défiguration, ta réincarnation en non, 
Ta marche à même toi dans les oxydations).  
   (in « Prologue », souvenir de Sandycove
 

2  
(un brin de causette) 
Ses mains sont de l’albâtre le plus finement 
Veinés,
ses doigts effilés1. MOI : dites, leur blancheur 
C’est le jus de citron le soir ou le roi des onguents 
Dès l’aube ? ELLE : liquid shine spécifique sans odeur. 
MOI : et le boléro plumeux romantique 
A ras le rebondi ? ELLE (oblique 
Moue dans la contre-plongée) : calçon 
De style sexy oui mais trop pétasse non. 
MOI : et c’est la racine douce candi rousse 
Qu’on voit aux dsous dbras déterger les pousses 
Sudoriparfumieuses, non ? ELLE : fraîcheur 
Garante antibio – et gar pif le lécheur !  
MOI : mais ce bouffant oxygéné dans la choucroute 
Qui évite l’aspect carton. ELLE : c’est l’affect 
Brume insoupçonnable avec pigma protect :  
Pas tout : MOI : ravale, Odysseus, ta goutte ! 
ELLE : pigmente un peu, mec : Ré-active de la 
Fibre archinutritive ! MOI (à moi), merde, toi,  
Dans les reflets verdâtres de l’abandon 
Aux penchants moches de dégénération !  
  (in « II Tentatives d’idylle ») 
 
1. Var. Joyce : with tapering fingers 
 


Dès l’aube la pensée c’est considérable. 
Pensée (donc) : « au-dedans est l’inhabitable / 
Dehors est imbitable ». À table, à table ! 
Suce tes dents, œufant du temps ! Sur ces sables 
Où tu rumines mou reclus dans le rond 
D’oasis d’amas promiscuité de viandes, 
Gratte tes boutons, use des bubons, 
Ramone tes os, fils du tuyau qui bande ! 
Bronzé dehors par Apollon (casque aveuglant) 
Shooté cuit dedans sur l’édredon de Cu 
Pidon, ton ventre est un ciel / ton ciel un cul. 
Crache ton non ! Expire les pires vents ! 
          (in Épilogue, une aube navrante ») 
  
Christian Prigent, Météo des plages, P.O.L., 2010, pp. 12, 28, 133

Christian Prigent dans Poezibao :  
bio-bibliographie, remise du prix Louis Guilloux (article R. Klapka), notes sur la poésie, extrait 1, Quatre Temps, entretien avec B. Gorrillot (par T. Hordé) 
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