Magazine Cinéma
Synopsis :
En cette année 1912, Adèle Blanc-Sec, jeune journaliste intrépide, est prête à tout pour arriver à ses fins, y compris débarquer en Égypte et se retrouver aux prises avec des momies en tout genre. Au même moment à Paris, c'est la panique ! Un oeuf de ptérodactyle, vieux de 136 millions d'années, a mystérieusement éclos sur une étagère du Jardin des Plantes, et l'oiseau sème la terreur dans le ciel de la capitale. Pas de quoi déstabiliser Adèle Blanc-Sec, dont les aventures révèlent bien d'autres surprises extraordinaires...
Critique :
A chaque nouveau film d’Europa Corp, la critique presse et maintenant spectateur attends patiemment afin de massacrer le père Besson à coup de couteaux aiguisés. D’aucun diront que cet acharnement est mérité, peut-être oui, peut-être non. Effectivement, les Banlieues 13, Taxi et autres From Paris With Love sont des films de supermarché, avec des scénarios tous plus pauvres les uns que les autres, de l’action et un nivellement général par le bas relativement déplaisant. Mais si cet argent sert à produire ou distribuer des films comme The Cove, I Love You Philipp Morris ou La Révélation, on se dit finalement que c’est un mal pour un bien, mon avis est donc plutôt tempéré sur le sujet.
Néanmoins, depuis Angel-A, Besson n’était pas repassé derrière la caméra (pas vraiment en tout cas, je ne compte pas Arthur et Les Minimoys qui mérite tout juste l’appellation de film donc…). Ayant beaucoup apprécié ce dernier, c’est donc avec une impatience certaine que j’attendais cette adaptation d’Adèle Blanc-Sec, issue des albums de Tardi. De ce que j’ai pu lire, le film est un patchwork de plusieurs tomes ce qui explique peut-être cet aspect fouillis que l’on déplore pendant l’heure quarante qui s’écoule sous nos yeux.
Divertissement populaire assumé, cet Adèle Blanc Sec emmené par une Louise Bourgoin assez convaincante réussi sur le plan artistique mais pèche par un scénario un tantinet bancal qui donne au final un produit assez sympathique mais foncièrement frustrant. Chaque scène est une bonne idée en soit mais aucune n’arrive à se finir correctement, dans le sens où le spectateur est en perpétuelle attente du « truc en plus ». Par exemple, dans la séquence pourtant réussie en Égypte aux accents d’Indiana, on découvre un Mathieu Amalric incroyable (mention spéciale aux maquillages sublimes) dans le rôle de Dieuleveult. Un méchant qui a la gueule de l’emploi et qui…bah…en fait on ne le revoit plus après...et oui, le perso ne sert strictement à rien si ce n’est préparer vers un hypothétique Adèle Blanc Sec 2 dans le cas du succès commercial du film. Cette frustration donc est le stéréotype de ce que l’on va vivre pendant toutes ces aventures, une introduction à plein de choses intéressantes mais sans concrétisation véritable (et c’est bien dommage).
La présence du ptérodactyle, élément pourtant central du film, n’a finalement qu’un intérêt tout à fait secondaire puisque l’intrigue principale, la vraie, réside dans le fait qu’Adèle cherche à sauver sa sœur, depuis 5 ans dans le coma. Tout le reste n’est que prétexte à remplir cet objectif.
Dès lors, les personnages secondaires, pourtant réussis artistiquement, tant sur le plan visuel que sur le plan du jeu d’acteurs, sont relégués très loin et aucun ne se verra vraiment travaillé. Qu’il s’agisse de l’inspecteur Caponi (Gilles Lelouche métamorphosé), de Justin de St Hubert ou d’Espérandieu, tous se retrouveront sous-exploités à notre plus grand désarroi. Quant à Louise Bourgoin, elle s’en sort plutôt bien dans le rôle d'une Adèle Blanc-Sec à la fois attachante mais profondément irascible. C’est sans mal que l’on croit à son personnage et donc de ce point de vue, bravo, le défi n’était pas gagné.
Ceci étant, on restera assez dubitatif par l’hétérogénéité des effets spéciaux. Il est maintenant de notoriété publique que la production a du faire face à des retards sur ce point, la fin du tournage datant de janvier 2010. Il y a encore quelques jours, les SFX n’étaient d'ailleurs pas finalisés et je dois reconnaitre que par moment, on se retrouve assez consterné du rendu, notamment les passages avec le ptérodactyle en vol. Sur les gros plans rien à dire, mais lorsqu’Adèle le chevauche, c’est autre affaire
Le final est à l’image de tout le reste, peu structuré : Des personnages / animaux qui pourtant sont au cœur de l’histoire de retrouvent balayés comme ça, sans la moindre émotion pour laisser la place belle aux momies, autres étrangetés du film. Le trop plein de chose à dire se ressent cruellement car à force de vouloir en mettre un maximum, rien ne se retrouve traité correctement.
Malgré cela, Adèle Blanc-Sec n’est pas désagréable à regarder mais il faut simplement savoir à quoi s’attendre. De mon coté, j’avais en tête un film d’aventures avec ses mystères et ses personnages attachants, alors qu’il faut davantage espérer un divertissement familial à regarder entre amis, sans être trop regardant sur la finition.
Ci-après, quelques extraits du film avant la bande-annonce.