Hélas ! Quand est venu l’automne de ma vie
Il ne me restait plus qu’une mince illusion
Pour éveiller ce corps et ce cœur endormis :
Frêles témoins de mes anciennes passions.
Etant jeune autrefois j’avais couru après
Le grand Amour et par trois fois j’avais aimé,
A perdre haleine par trois fois j’avais pleuré
Je confondais rires et larmes désormais.
La nuit au plus profond de moi un vide immense
Peu à peu insidieusement m’envahissait
Etrangement seule j’entendais le passé
Bavard me parler à voix basse sans nuances.
Il me semblait que l’art pourrait cicatriser
Ces fantômes confus qui en moi grandissaient
Je voulais créer pour enfin exorciser
Ces êtres fantastiques qui m’apparaissaient.
De timides sanglots comprimaient ma poitrine
Où mes amours d’alors venaient se reposer
Naïve je voulais sur le papier poser
Ces mots miroirs de mes sensations orphelines.
Pourtant je pensais que je ne saurais écrire,
Ni peindre à peine savais-je chanter
Il est cruel pour un être de pouvoir dire
Aux autres ce que son cœur chuchote en secret.
Hélas quand est venu l’automne de ma vie
Mes souvenirs étaient condamnés à l’oubli
Ma jeunesse mourrait doucement en silence
Petite fleur perdue dans un jardin de ronces.