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Meth. Ghost. & Rae. : Wu Massacre

Publié le 27 avril 2010 par Crazyhorus

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L’habit ne fait pas le moine. Voici ce que nous enseigne Wu Massacre (Def Jam), serti de sa belle pochette façon comics réalisée par le dessinateur Chris Bachalo (Marvel et DC Comics). Mais avoir de l’apparat ne suffit pas, encore faut il que le contenu soit à la hauteur des espérances, car réunir trois piliers du Wu Tang sur un seul et même opus doit forcément valoir le « coup d’œil ». Malgré l’essoufflement du crew originel qui transparaissait sur 8 Diagrams, les MC de Staten Island ont opéré un virage surprenant grâce au revival sensationnel qu’est Chamber Music. En groupe ou en solo, nos trois lascars sont donc toujours dans la course après une année 2009 où chaque MC s’est illustré avec plus ou moins de réussite (Method Man avec Blackout 2, Ghostface et son The Wizard Of Poetry et Raekwon sur l’excellent Only Built 4 Cuban Linx 2). Au-delà du coup médiatique que le trio peut représenter, se sont trois MC à la personnalité singulière qui sont mis en avant. L’un au grain d’asmathique qui a connu ses heures de gloires au milieu des années 1990, un autre à la voix aigue et au timbre clair qui ne semble pas faiblir avec le temps et un dernier au style flegmatique déconcertant de facilité et affublé d’un slang bien rôdé.

Nul besoin de rentrer dans les détails concernant la genèse du projet tant celui-ci a fait (pour une fois) preuve de promptitude. Seul bémol, Raekwon ne paraissait guère concerné par son élaboration, se contentant de suivre ses deux acolytes en panne d’inspiration pour trouver un nom de groupe au point de le souligner sur leur Myspace… Etait-ce vraiment la peine ? Malheureusement, cette carence ne se limite guère à la seule quête onomastique, dont le résultat est d’une banalité presque trop décomplexée. La déficience se répercute ainsi sur l’ensemble de l’album dont la durée de vie avoisine la demi-heure…

Premier choc donc pour l’aficionado qui s’attendait à quelque chose de plus consistant. L’effet du premier est à peine dissipé qu’un deuxième, plus grave, fait aussitôt son apparition et concerne cette fois-ci le choix des productions (et non des producteurs). Bien que bénéficiant des qualités professionnelles de personnes comme BT (qui officiait il y a peu sur le dernier Raekwon), Mathematics, RZA, ou encore Digem Trax et Scram Jones habitués à côtoyer la sphère Wu Tang, Wu Massacre est une succession de titres très inégaux. Demeure donc cette impression désagréable d’un travail sans conviction, empruntant parfois les chemins de la facilité qui mènent fatalement à une impasse (« It’s That Wu Shit »). A l’image d’« Our Dreams » et de son sample de Michael Jackson (« We’re Almost There ») arrivant comme un cheveu sur la soupe, ou de la monotonie de la boucle pitchée de « Gunshowers », le résultat est décevant. Certes l’idée d’un « Criminology 2.5 » revisité est plaisante, mais celle-ci n’offre rien d’innovant. Ajoutons à cela un Raekwon quelque peu apathique se faisant littéralement bouffer par un Ghostface sur vitaminé et le décalage devient trop franc et insupportable.

On l’aura très vite compris, le massacre annoncé est tué dans l’œuf. L’auditeur pourra tout de même se rabattre sur des morceaux bien calibrés tels que « Miranda » et son piano boitillant, le séduisant remix de « Smooth Sailing » featuring Solomon Childs et Streetlife, produit par le producteur du Queens Ty Fyffe, ou encore l’épique « Dangerous » d’Allah Mathematics. Cette cuisine qui s’annonçait alors si prometteuse s’avère être un bouillon peu ragoutant. Avare en génie, Wu Massacre n’a au contraire pas lésiné sur l’approximation. Un jour ou l’autre, l’à-peu-près se paie.     

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