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“Green Zone” défonce des portes ouvertes

Par Kub3

Depuis une dizaine d’années, Paul Greengrass fait son petit bonhomme de chemin, alternant film politique et film d’action. Green Zone est l’occasion pour lui de retrouver Matt Damon dans un film qui “mixe” ses deux univers.

“Green Zone” défonce des portes ouvertes

Vol 93 et Bloody Sunday d’un coté, deux Bourne de l’autre : Paul Greengrass a un C.V impressionnant. Bloody Sunday reste encore aujourd’hui un monument du genre, mêlant avec brio une forme documentaire à un fond politique et engagé. Puis il avait brillamment enchaîné les aventures de Jason Bourne avec deux films explosifs, dont Green Zone est quelque part la continuité directe. La présence de Matt Damon en tant que personnage principal ou de John Powell à la musique, renforce l’impression de se retrouver en terrain connu.

Et pourtant, Green Zone est un film politique et puissant, montrant la découverte par un soldat américain (Damon, brillant comme à son habitude) que le gouvernement a menti : il n’y aucune arme de destruction massive en Irak. C’était du vent, des mensonges, tout ça pour crédibiliser la guerre.

Arrêtons de tourner autour du pot, si Green Zone est fort, politique et engagé, il est aussi, pour nous Français, un gigantesque coup de pied donné dans une porte déjà éventrée depuis des années. Nous le savons, tout du moins nous en sommes persuadés : il n’y a jamais eu d’arme de destruction massive en Irak. À cause de Dominique de Villepin, le film est bien évidemment sans surprises, voire totalement vain. Quand l’évidence frappe Matt Damon, on peut avec plaisir apprécier son jeu discret mais on a surtout envie de lui lancer un “duh !” sonore, histoire de lui rappeler à quel point il a été aveugle.

C’est là que le film devient plus intéressant encore. Le personnage de Damon n’est pas un extrémiste ou un soldat sans cervelle, c’est un patriote et un militaire, qui a toujours cru à ce qu’on lui disait. Pourquoi mentir ? Pourquoi risquer la vie de soldats qui à chaque instant manquent de prendre une balle en pleine tête pour des prétextes fallacieux ?

Green Zone est un film profondément anti-bullshit puisqu’il met le soldat en position de venir prouver à ses supérieurs (ici Greg Kinnear, malheureusement un poil trop manichéen) qu’il n’est pas que de la chair à canon… avant de repartir se battre, fier de son métier et de sa place.

L’autre point fort du film, c’est le discours à plusieurs voix qui ne s’écoutent jamais. Matt Damon, la CIA, le gouvernement mais aussi les Irakiens (représentés par Freddy, le traducteur, fabuleux personnage) parlent la même langue mais ne se comprennent jamais. Comme toujours chez Greengrass, la langue est fondamentale et le manque de communication devient un obstacle plus important qu’une roquette.

Derrière cet aspect politique, Green Zone est un bon film d’action, toujours aussi incompréhensible aux allergiques de la “shaky cam” de Cloverfield ou de la saga Bourne. Mais Greengrass sait faire monter la pression, jouer avec les distances et les obstacles, en particulier lors d’une course-poursuite finale, à pied, aussi lisible que prenante, qui démontre encore une fois tout le talent du réalisateur. Mention spéciale à un Jason Isaacs méconnaissable et surtout à un plan au tout début du film, travelling vertical à l’épaule - et oui - sur une ville bombardée en pleine nuit.

Coup dans l’eau ? Pas réellement. Après tout, il s’agit du premier film grand public sur ce mensonge terrible ; on pourrait presque dire que Green Zone est la preuve de l’échec de la propagande et de la communication américaine. Une preuve accablante et percutante.

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Sortie le 14 avril 2010

Crédits photo : © StudioCanal

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