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Fragments d'une sociologie de l'échec

Publié le 04 mai 2007 par Séverine Scott Tchuente
Philippe Perrenoud (2005) La pédagogie à l'école des différences. Fragments d'une sociologie de l'échec. ESF Editeurs. Coll Pédagogies. Vraiment bien. Philippe Perrenoud est un sociologue suisse qui travaille à l'Université de Genève (faculté de psychologie et des sciences de l'éducation. Il fait partie du Laboratoire de recherche Innovation Formation Education (LIFE) .Il a écrit de très nombreux ouvrages, dont le célèbre : Métier d'élève et sens du travail scolaire (1994)- vraiment bien aussi. Ses thèmes de recherche principaux : la fabrication de l'échec scolaire, l'inégalité sociale face à la culture scolaire, la différenciation de l'enseignement,l'identité professionnelle des enseignantsl'innovation pédagogique à l'épreuve du terrain (dans les classes, établissements)l'institution scolaire et le changement (l'école change-t-elle ? Si oui, dans quelle mesure et avec quelles conséquences ?) Ce qui m'a vraiment intéressé, dans « La pédagogie à l'école des différences », c'est toute la partie du livre où il parle du changement, surtout les chapitres 6 (Cycles pédagogiques et projets d'école : facile à dire !) et 7 (Perpectives : contre la pensée magique !). A titre personnel, ce sont ces quelques lignes , sur « changer le rapport au changement », qui me touchent profondément. : « Si la médecine s'attaquait au cancer ou au virus du sida comme l'école s'attaque à l'échec scolaire, on peut être sûr que nous n'aurions pas avancé d'un pouce en cinquante ans. La pensée des pédagogues manque terriblement de patience et d'humilité. Vouloir agir seul, vite, par une seule entrée, c'est se condamner à ne pas agir. La lutter contre l'échec scolaire ne peut être que systémique, collective, organisée à large échelle et poursuivie sur des décennies. Chaque ministre, chaque chercheur, chaque mouvement pédagogique qui croit détenir LA solution retardent le mouvement. Ils renforcent la pensée magique, l'illusion qu'on a enfin trouvé la pierre philosophale. (....) Notre rapport au changement reste magique, pour tout ou rien, comme si les savoirs, les pratiques, les institutions pouvaient changer par décret ou parce que quelqu'un croit détenir la formule. Nous avons beaucoup de mal à accepter que la raison n'ait aucun effet par elle-même, qu'il faille sans cesse reconstruire des objectifs, des stratégies, des coordinations, des adhésions. » (Perrenoud, 2005, p.180) Bye bye donc, l'utopie de LA pédagogie en tant que outil d'émancipation. Mon rêve d'une école solidaire et citoyenne, engendrée par la seule force d'une pédagogie moderne, scientifique, adéquate. Exit les greffes pédagogiques sur corps objet.passif. Oh rage, oh désespoir, et par la même occasion, fin de l'adolescence. Au revoir illusion de toute-puissance, au revoir égocentrisme individualiste, au revoir plaintes mélancoliques, au revoir abîmes, tourments puissants et missions héroïques. Bonjour « stratégies réalistes de changement. » Pour Perrenoud, un exemple de « stratégie réaliste de changement » (2005, p. 180-181), ce serait, à la suite d'une proposition de Monica Gather Thurler (1993) de : Prendre en compte les pratiques, besoins, intérêts, problèmes et rêves des enseignants Amener les enseignants à utiliser les solutions déjà existantes Avoir le souci de la méthode Définir le champ de l'innovation aussi largement que possible Prévoir les conditions de travail (budget, temps, formes de travail, etc. ) nécessaires permettant la réalisations des quatre recettes précédentes. (Perrenoud, 2005, p.180). Parfois, on pressent la nécessité d'un changement de paradigme. On tente d'en saisir les contours, on tâtonne. Les concepts familiers, nos caméras de surveillance, ne nous renvoient qu'une réalité morne et mille fois visionnée. Un réalisateur/une réalisatrice, c'est quelqu'un qui choisit un ANGLE DE VUE, un angle de vue sur lequel orienter la caméra, un angle de vue pour ré-interpréter le banal. Dans le monde scolaire, ce pourrait être : « poser les problèmes dans leur complexité et les résoudre progressivement, en incorporant à chaque étape des propositions venues d'ailleurs, au moment où l'on peut leur donner du sens et les intégrer.  (...) Davantage de ressources d'analyse des problèmes et de régulation des projets. (...) Réflechir sur la diffusion des recherches en éducation et la façon dont les praticiens peuvent se les approprier (Perrenoud, 2005, p. 181). Un autre post où je cite Perrenoud : Le soutien scolaire est-il efficace ?Autre lecture : Peter Ackroyd (2005) Shakespeare : The biography. London : Vintage Books. Excellent. Comme son titre l'indique, une biographie de William Shakespeare (1564-1616). Il a été traduit en français sous le titre : Shaspeare. La biographie. <Vous trouverez ici un bon résumé de cet ouvrage. C'est l'aspect historique qui m'intéressait dans ce livre, mais j'ai été surprise par la réflexion qu'il ouvre sur un débat très contemporain sur la question des droits d'auteur et du copyright. A l'heure actuelle, Shakespeare serait confronté à des arguties juridiques sans fin par les ayants droits.

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