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Repo Men de Miguel Sapochnik

Par Geouf

Repo Men de Miguel Sapochnik

USA, 2010
Réalisation: Miguel Sapochnik
Scénario: Eric Garcia, Garrett Lerner
Avec: Jude Law, Forest Whitaker, Liev Schreiber, Alice Braga, Carice van Houten

Résumé: Dans un futur proche, la fabrication d’organes artificiels a fait un bond en avant. La société The Union est le leader dans ce domaine et vend ces organes pour un prix exorbitant, avec néanmoins des possibilités de crédit. Mais gare aux mauvais payeurs, car au-delà d’un certain délai de non paiement, The Union envoie ses repo-men pour récupérer les organes en question. Remy (Jude Law) est le meilleur de ces Repo Men, mais il aspire à un changement de carrière afin de contenter son épouse (Carice van Houten) qui souhaite le voir à un poste plus « normal ». Jusqu’au jour où suite à un malencontreux incident, Remy se retrouve avec un cœur artificiel. Passé de l’autre côté de la barrière, il découvre que le choix n’est pas si évident…

Quelques mois après l’opéra rock Repo ! The Genetic Opera de Darren Lynn Bousman, voilà que débarque un autre film de science fiction mettant en scène des « récupérateurs d’organe ». Repo Men, tiré du roman Repossession Mambo d’Eric Garcia (coscénariste du film) projette Jude Law et Forest Whitaker dans un futur proche où tout s’achète à crédit, y compris les organes artificiels, qui peuvent être récupérés en cas de non paiement. Une idée de base intrigante et intéressante, mais un film qui malheureusement peine à pleinement exploiter le potentiel de son pitch.

Le principal défaut de Repo Men, c’est qu’il manque énormément de personnalité, au point de ressembler à un énorme melting pot de divers succès SF plutôt qu’à un film original. L’idée du héros qui se retrouve pourchassé par ses anciens employeurs fait par exemple immédiatement penser à Minority Report, d’autant qu’une scène de Repo Men ressemble furieusement à la fameuse scène des araignées espionnes du film de Spielberg. On retrouve aussi des bouts de Blade Runner, aussi bien dans l’histoire (le héros qui prend petit à petit fait et cause pour ses anciennes proies), que dans les plans aériens de la ville, ressemblant trait pour trait à ceux du chef d’œuvre de Ridley Scott (même écrans publicitaires géants, le métro aérien remplace les voitures volantes). Dark City est cité aussi à plusieurs reprise (le héros tombe amoureux d’une chanteuse de night club, il se retrouve à la fin sur une plage de sable fin contrastant avec la noirceur du reste de la ville), ainsi que Matrix (l’attaque du building de The Union), voire même Old Boy (le combat dans le couloir, repompé sur l’évasion au marteau). Pire encore, l’épilogue est totalement repris sur celui de Brazil !

Repo Men de Miguel Sapochnik

En plus de ce côté « déjà vu », le film peine à rendre son univers crédible, la faute à un développement trop restreint de celui-ci et à des incohérences gênantes. On a en effet du mal à imaginer que les clients de The Union ne soient pas au courant avant de signer de la façon dont les organes sont récupérées en cas de non paiement, vu que les repo-men font du travail plutôt bourrin (ils récupèrent les organes dans n’importe quel lieu, et laissent les gens agoniser au vu et au su de tous). Difficile aussi de croire que ces pratiques soient acceptées sans aucune protestation. Passe encore que le gouvernement ferme les yeux, mais il est étonnant de ne pas trouver de manifestants devant les bâtiments de la compagnie, par exemple, ou de résistance s’il s’agit d’un univers dictatorial (on ne sait pas grand-chose sur l’univers présenté).

Néanmoins, malgré ces défauts assez gênants, le film possède tout de même quelques atouts, le premier étant son casting. Jude Law, qui décidément tire vers le haut les films loupés dans lesquels il apparait (remember Sherlock Holmes) apporte toute son humanité à un personnage à la fois implacable lorsqu’il effectue la tâche pour laquelle il est employé (excellente scène d’introduction), puis progressivement touchant et attendrissant lorsqu’il se retrouve piégé avec son cœur artificiel. Sa complicité avec Forest Whitaker est palpable, et leur relation est le point fort du film.

Repo Men de Miguel Sapochnik

Le réalisateur Miguel Sapochnik, dont c’est le premier long métrage, réussit, malgré ses nombreuses influences non digérées, à emballer un spectacle assez rythmé et léché, ce qui fait que l’on ne s’ennuie pas trop. Quelques scènes sortent du lot et tirent le film vers le haut, comme cette troublante scène au cours de laquelle Jude Law et Alice Braga sont obligés de se découper pour scanner leurs organes artificiels sur une reprise de la chanson Sing it back de Moloko. Une scène à la fois sanglante et sensuelle que n’aurait pas renié le Cronenberg des débuts, et qui constitue le meilleur moment d’un film un peu trop bancal pour convaincre.

Note : 5/10

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