Comédie dramatique turco-allemande - 2hSortie France le 14 novembre 2007avec Babi Davrak, Nursel Köse, Tuncel Kurtiz, Patrycia Ziolkowska, Hannah Schygulla,...Prix du scenario, prix du film oecuménique - Festival de Cannes 2007
En Allemagne, à Brême, Yeter, prostituée, est intimidée par deux hommes qui ont appris ses origines turques. Un de ses clients, le vieux Ali, lui propose de vivre sous le même toit moyennant finances. Elle finit par accepter, s'installe chez ce vieux, et fait la connaissance de son fils, Nejat, trentenaire et professeur d'allemand. Au cours d'une dispute qui tourne très mal, Yeter va succomber sous les coups d'Ali. Nejat ne pardonne pas son père, d'autant plus qu'il s'était rapprochée de cette femme qui n'a pas revu sa fille depuis très longtemps. Elle a 27 ans et vit en Turquie...De l'autre côté, Ayten est une jeune femme activiste pour les droits de l'Homme en Turquie. Menacée, elle décide de fuir son pays et de retrouver sa mère qui vit en Allemagne et y est vendeuse de chaussures... Clandestine, elle fréquente les RestosU pour se nourrir à moindre frais et y rencontre Lotte, jeune allemande qui décide de l'héberger au grand dam de sa mère. Entre elles deux, une relation complice puis amoureuse va les unir et les rendre solidaires même quand Ayten sera expulsée dans les geôles turques...Tous ces personnages vont aller et venir entre les rives allemande et turque, entre leur passé et leur destin, en se rencontrant ou se manquant de peu. On peut appeler cela un "chassé-croisé", ou l'histoire de destins croisés de 3 duos parent-enfant (2 "couples" mère-fille, et 1 père-fils) mais on perdrait beaucoup à résumer ce film ainsi tant le scenario est fin, intelligent, qu'il nous entraîne sans nous donner de lourde impression de déjà-vu. Les histoires qui s'entremêlent sont très riches, et les drames surviennent quand on s'y attend le moins, même si les chapîtres du film portent des titres annonciateurs ("La mort de Yeter" puis "La mort de Lotte"). Les personnages sont magnifiques, la part belle étant faite aux actrices aux rôles courageux, ainsi qu'à Nejat, ce fils bouleversant de pudeur. Le réalisateur Fatih Akin a soigné son scenario avec des plans qui se répètent ou se font écho dans une logique implacable. De l'autre côté est un cadeau qu'il nous offre, un film magique, grave avec des symboles que l'on aime déchiffrer. Avec en arrière-plan une critique (ou tout simplement une exposition des faits) des filières clandestines d'immigration, de l'absence de la démocratie en Turquie, des politiques d'expulsion. Sans manquer d'évoquer la double culture, la littérature et de sublimer le pardon dans un ultime plan où les regards convergent de l'autre côté... Un film vraiment brillant, du grand cinéma, sans fioriture ni larmoiement, juste humain et intelligent.
L'avis de Kilucru - Les IrréductiblesDe l'autre côté - sur CriticoblogFatih Akin, du bon "côté" - Libé.fr