
En parallèle avec son rapport sur le meurtre par des villageois d’un étranger farfelu et sans nom, Brodeck rédige son histoire et y raconte sa vérité, le mal qui rode et la culpabilité des hommes, de tous les hommes.
Le style est décousu, on passe d’un fait, d’un personnage à un autre. Brodeck s’en excuse, il est tendu, aux aguets, son texte reflète ces sentiments. J’ai eu un peu de mal à me faire à cette narration à la verticale où les événements ne sont pas dispensés en ordre chronologique mais plutôt à doses homéopathiques.
Le plus gênant pour moi a été d’accepter que les lieux n’aient pas de nom et que l’époque ne soit pas définie (est-ce l’Allemagne, l’Autriche, l’Alsace-Lorraine d’après-guerre ?). En cela, il m’a fait penser au ‘Ruban blanc‘, le film de Michael Haneke, ainsi que pour son côté sobre, efficace et menaçant.
Philippe Claudel nous parle de langue millénaire, de purification, d’étrangers sans utiliser la terminologie habituelle, ce que j’ai au début trouvé frustrant et déstabilisant pour comprendre enfin, à mi chemin, que ce livre était une parabole et non un récit historique. On devine pourtant, malgré le caractère impérissable de cette fable très travaillée, qu’elle se situe probablement dans les années 40, dans un village montagneux et germanophone qui peine à se relever d’une période difficile de son histoire.
Le rapport de Brodeck est un roman qui se mérite et qui, d’ici peu, foi d’Ogresse, fera figure de classique dans la littérature française.
La note de L’Ogresse:

Une lecture commune avec Solenn.
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 14 mai à 10:45
Bonjour,
Un commentaire que j'ai posé par ailleurs sur ceux de Gilles pour le même ouvrage...
Je lis actuellement ce livre que je trouve bien écrit, captivant, posant de bonnes questions sur le comportement humain sans en apporter de réponses toutes faites donc amenant à s'interroger sur soi-même. Les commentaires de Gilles et d'Ogresse sont tout à fait pertinents et judicieux. J'ajouterai seulement que les va-et-vient passé-présent sont parfois délicats à suivre. La ponctuation laisse aussi parfois à désirer et ne facilite pas toujours la lecture!
L'absence volontaire de localisation précise évidente dès le début du texte peut amener le lecteur à focaliser son attention sur son identification comme un jeu de piste, ce qui est ludique et éducatif, mais cela peut éventuellement engendrer de la frustration et/ou détourner le lecteur d’autres questions plus fondamentales... Au demeurant, tous les indices parsemés amènent à conclure raisonnablement que l'action se déroule en Autriche près de la frontière allemande (référence à l'occupation hongroise de la capitale, similitudes linguistiques, géographie…). La ville de S. pourrait être Salzburg... Quant à la période, peu de doute là dessus non-plus, les années autour de 1945.
A lire…
Zaniate
posté le 14 mai à 10:44
Bonjour,
Un commentaire que j'ai posé par ailleurs sur ceux de Gilles pour le même ouvrage...
Je lis actuellement ce livre que je trouve bien écrit, captivant, posant de bonnes questions sur le comportement humain sans en apporter de réponses toutes faites donc amenant à s'interroger sur soi-même. Les commentaires de Gilles et d'Ogresse sont tout à fait pertinents et judicieux. J'ajouterai seulement que les va-et-vient passé-présent sont parfois délicats à suivre. La ponctuation laisse aussi parfois à désirer et ne facilite pas toujours la lecture!
L'absence volontaire de localisation précise évidente dès le début du texte peut amener le lecteur à focaliser son attention sur son identification comme un jeu de piste, ce qui est ludique et éducatif, mais cela peut éventuellement engendrer de la frustration et/ou détourner le lecteur d’autres questions plus fondamentales... Au demeurant, tous les indices parsemés amènent à conclure raisonnablement que l'action se déroule en Autriche près de la frontière allemande (référence à l'occupation hongroise de la capitale, similitudes linguistiques, géographie…). La ville de S. pourrait être Salzburg... Quant à la période, peu de doute là dessus non-plus, les années autour de 1945.
A lire…
Zaniate