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Internet et la microcausalité

Publié le 01 mai 2010 par Gregory71

Il y avait une certaine joie, une joie à agir sans passer par un réseau de causalité complexe, celui de l’art. Les producteurs, les commissaires, les institutions, les expositions, les critiques, tous  ces gens qu’il fallait convaincre un à un et qui hypothéquaient, quelque fut leur intention, la réalisation de l’oeuvre.

Avec Internet il y avait bien sûr ce malaise de la technologie, cette lourdeur et cette gravité, toutes ces petites choses qui ne fonctionnaient, là un php, ici une extension serveur, que sais-je encore. C’était d’autant plus lourd et fastidieux pour nous qui n’avions rien de geeks ou d’informaticiens. Nous étions arrivés dans ce monde par nécessité, celle de notre époque. C’est ce que nous avions sous la main.

Mais il y avait avec le réseau une certaine légereté, une certaine autonomie et indépendance. Comme si nous avions les moyens de production sans être passé par la révolution et la dictature du prolétariat. C’était cette idée du home studio comme nouvel atelier artistique. Vous disposez d’une machine qui sert presque à tout, c’est un ordinateur. Vous pouvez ainsi réduire votre espace de travail et votre dépendance à une causalité externe. Produisez chez vous et diffusez sur Internet. Cela ne valait bien sûr pas la grande exposition dans un grand lieu classique entre quatre grands murs blancs. Mais c’était le prix d’une certaine indépendance d’artistes qui souhaitaient avoir les moyens de production, un peu comme lorsque Godard est parti à Grenoble et s’est équipé de vidéo broadcast.

En réduisant l’impact de la causalité nous avons augmenté notre capacité d’agir dans le monde.


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