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Coup de tête 4/5

Publié le 02 mai 2010 par Menear
Coup de tête 4 prend fin. Relectures sur liseuse cette semaine et corrections le soir, hier, ce matin aussi pour appliquer au texte les notes furtives de la lecture. Rappelons que la partie 5 initialement prévue sur le papier a été amputée, fondue avec la 4, j'arrive donc au bout du récit, bientôt au bout du roman, du projet qui me tient en haleine depuis plus de 4 ans.
D'autres retouches restent à venir. Relectures globales des 4 parties les unes à la suite des autres, reprise de la première partie encore imparfaite et correction de certaines incertitudes, réécritures de quelques passages. Peut-être envisager un point final avant la fin de l'été ? Rappelons encore qu'à l'origine Coup de tête était censé s'écrire fulgurant, en quelques semaines, pour surfer sur la spontanéité des premières phases d'écriture. On voit où ça mène et comment ça penche.
L'extrait copié/collé ci-dessous reprend le début de la partie 4, assez court car j'ai déjà proposé d'autres extraits de la partie 4 par le passé. La partie 4 miroir de la première mais déformant, alors le narrateur aussi (se) déforme et plonge.
Je passe une main, la gauche, dans mes cheveux moches pour les exploser. Je tire sur mon T-shirt Quicksilver pour en défaire le col. Qu'on voit la peau dans l'échancrure. Qu'on voit les os tracés qui pointent. Je remonte un peu le jean par dessus mes Van's : les semelles ouvertes trahissent orteils bien crades sous le cuir. Je m'assois calé contre le mur du tabac, derrière panneau fourrière. J'ouvre à mes pieds mon sac Lafuma : qu'on y mette au moins ce qu'on pourra y mettre. Détail : je remonte main gauche la manche droite de mon blouson Lévis. Qu'on voit au moins que je suis
Répète après moi et découpe les syllabes, Ajay : moi-gnon.
cassé. Qu'on voit trop bien que j'ai besoin de leur fric pour vivre et bouffer
Dans cet ordre.
Après des jours de centimes et de pièces rouges, je sais – sens, sue – : ça marche mieux comme ça.
Je compte le nombre de pièces récoltées dans le sac Lafuma. Je compte un, deux, trois euros. Après les euros je compte les centimes. Après les centimes je compte la crasse. Après la crasse je compte les pieds sans tête qui me dépassent, traversent, et vivent sans voir.
Les gars c'étaient des pères de famille. Ils allaient acheter un paquet de clopes et ils ressortaient. Me captaient pas. Disparaissaient. Des fois c'était mon père, des fois c'était ton père. Des fois ils me lâchaient une clope ou deux. Des fois même ils l'allumaient.
Devant le tabac les trams traversent toutes les cinq, six minutes. Trafic réduit du mois d'aout, sièges vides, wagons sans corps. Mais ils traversent encore, glissent. Des fois font demi-tour. Ils sonnent encore pour éparpiller piétons aveugles du bord de la nuit. Ils s'arrêtent de rouler passées vingt-trois heures. Des fois je m'assois entre les rails pour me donner du|
Des fois je me couche entre eux, jambes contre rails qui montent au sud, la tête attrape le nord, et j'attends qu'on les tranche. Les corps autour, montés sens inverse sur la pupille, me dévisagent. J'ai un mégot éteint entre les dents. Un filtre froid qui sent que dalle. Je leur demande du feu qu'ils ont jamais. Personne ne fume et moi non plus.

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