Au premier étage de Lab:labanque, ce sont de petites scènes de la vie quotidienne qui ornent les murs, comme une fresque en papier de Jouy : amis, famille, passants, promenades, sports, spectacles, cérémonies, comme un album de photos familiales qu’on découvrirait par indiscrétion. Toute une vie simple qui se déroule sous la plume de Sophie Hèlejules, une vie si douce, si calme qu’on croirait presque voir là les images d’une brochure vantant la qualité de la vie dans la région. Pas de conflits, pas de violence (aux antipodes de Brigitte Zieger), même pas de labeur. Il faut bien chercher, de salle en salle, pour trouver ces porteurs d’une banderole politique. Dans cette fresque, où, comme dans le carnet de dessins d’un grand peintre, les personnages, étrangers, coupés les uns des autres, se juxtaposent néanmoins sans jamais se recouvrir, apparaît parfois la figure du photographe, du témoin. Le couloir s’orne d’une fresque de personnages dansant en équilibre, en apesanteur, comme l’éléphant renversé de Daniel Firman qu’on découvre plus loin.
L’étage au dessus est occupé par des pièces sonores et une vidéo de Pascale Kaparis qui a fait parler des (très beaux) jeunes hommes néerlandophones et des jeunes filles francophones sur ce qu’est l’amour pour eux. Le discours lui-même n’est guère étonnant, plein de toutes les banalités amoureuses du monde, mais le dispositif de ces voix sans têtes, de ces têtes sans corps, de ces deux langues se recouvrant, pas toujours audibles, pas toujours compréhensibles, est l’intérêt principal de l’exposition.
Photos de l’auteur. Voyage à l’invitation de Lab:labanque.