Un modèle financier est apparu dans les années 1960, aux États-Unis, qui s’est répandu partout à travers le monde. Ce modèle disparait sous nos yeux.
Non pas que les outils constitutifs de ce système soient sans intérêt. Ils ont simplement été appliqués sans discernement. Quelques milliers de traders, recrutés et bichonnés par les patrons des banques, ont cru qu’on pouvait gagner à tous les coups. En tout cas neuf fois sur dix. Et qu’il suffisait de quelques lois mathématiques, de type « courbe de Gauss », pour limiter les risques et maximiser les gains. Mais l’économie réelle s’est chargée de remettre vérités et mensonges à leurs places respectives.
La destruction de valeur à laquelle nous assistons au plan mondial n’est que le mouvement symétrique d’une création de fausse valeur au cours des années précédentes. Ce n’est pas la finance qui permet de s’enrichir durablement, c’est l’entreprise. La finance, au mieux, ne permet que des petits gains, de modestes différences. L’entreprise, à partir d’une idée, d’une vision, d’une stratégie, permet au contraire de batir de légitimes fortunes. Exemples de Microsoft ou d’Apple. Exacts opposés des Lehman Brothers ou Goldman Sachs.
Telle est la conclusion de l’ouvrage que Philippe Herlin vient de consacrer à la finance moderne.
Celle-ci correspond à un besoin que personne ne peut méconnaitre. La détermination de la valeur d’un actif financier est le préalable à tout échange. Et le principe de l’efficience, la pierre angulaire des marchés. Les problèmes commencent quand on aborde les questions de répartition et d’écarts.
À partir de là, les modèles jusqu’à présent utilisés cessent d’être pertinents, car ils éliminent, par définition, les écarts de grande amplitude. «Voila ce qui manque à la finance, une juste perception des risques » (p. 71).
L’auteur, qui enseigne la finance au CNAM – et qui tient un blog très pertinent sur la dette de la France – vous familiarisera avec les «fractales » et vous apprendra à distinguer ce qui est « scalable » ou « non scalable ».
Selon Philippe Herlin, un monde ou une institution financière (ou un pays comme la Grèce…) fait faillite de temps en temps est préférable à un monde où personne ne fait faillite. Car le capitalisme sans sanction n’est plus le capitalisme. Et la finance n’est pas là pour « sauver le capitalisme » (en fait pour sauver les voleurs de Wall Street) mais pour le servir. Ce qui n’est pas tout à fait pareil.