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Le vin de Constantia, un cru mythique oublié…

Publié le 06 mai 2010 par Pymichel

Adulé par tous les monarques d’Europe, le vin liquoreux de Constantia, en Afrique du Sud, était au XIXème siècle le plus cher du monde avant de sombrer dans l’oubli.

Les grands vins n’ont pas de patrie, seulement de grands terroirs, nul pays n’ayant le monopole de la qualité. La plus éclatante démonstration nous vient sans doute d’Afrique du Sud. Depuis une quinzaine d’années, les médias ont tendance à montrer les vignobles d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud ou du Chili comme de nouveaux pays producteurs, sans penser que la culture de la vigne est bien souvent présente depuis des siècles sur ces territoires. Et que ces pays ont eux aussi produit des vins d’anthologie. Le plus mythique de tous est sans conteste celui de Constantia.

L’histoire commence en 1679, lorsque Simon Van der Stel est nommé commandant de la colonie du Cap pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. A la différence de ses prédécesseurs, il décide d’implanter sa colonie en retrait de la côte, à Stellenbosch, dans une vallée boisée où on lui attribue un domaine aussi vaste que la ville d’Amsterdam ; il le baptise Constantia, du nom d’un navire sur lequel il avait navigué. il dessine des avenues, fait planter des arbres et implante un vignoble qu’il voulait de très haute qualité. Il s’appuie d’ailleurs sur la connaissance des vignerons français qui faisaient partie de son personnel.

Son vignoble se développe très rapidement, au point qu’au tout début du XVIIIème siècle, le vin de Constantia est le plus renommé du Cap. Sur ses terres, Van der Stel produit à la fois du rouge, du blanc et un vin liquoreux élaboré à partir de muscat. C’est ce dernier qui fait la renommée du domaine. Malheureusement, à la mort de Van der Stel, en 1712, la propriété est divisée en trois, dont deux produisent du vin : Groot Constantia et Klein Constantia, le plus réputé des deux domaines. Mais dès 1733, le propriétaire de Klein Constantia rachète Groot et réunifie l’ensemble du vignoble créé par Van der Stel, avant de mourir lui-même dix ans plus tard.

Le domaine change de nouveau de propriétaire sans cesser de cultiver la mémoire du perfectionnisme viticole. Car le secret de ce grand vignoble tient dans le soin apporté aussi bien à la vigne qu’au chai dans l’élaboration des vins. Les témoignages sont nombreux qui évoquent la propreté incroyable des barriques, des cuves et des pressoirs. Dans les vignes, des esclaves sotn employés chaque jour pour enlever le moindre insecte se posant sur le ceps, afin d’éviter toute maladie.

Au tournant des XVIIIème et XIXème siècles, le vin de Constantia est connu dans le monde entier et recherché à prix d’or. Napoléon en boit à Saint Hélène et Louis-Philippe en est un fidèle amateur. Dumas, Jane Austen ou Dickens y font référence dans leurs textes. Et Baudelaire, de passage à Constantia, le cite au détour d’un vers : « Je préfère au constance, à l’opium, aux nuits / L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane« .

Mais le conflit avec les Anglais qui prennent possession du Cap en 1795, puis en 1806 et 1814, fait peu à peu péricliter le vignoble sud-africain. Enfin, l’oïdium et le phyloxéra mettent fin, au cours des années 1860, au mythe de Constantia.

Depuis une vingtaine d’années, les vignobles de Klein Constantia et Groot Constantia renaissent de leurs cendres, sans toutefois véhiculer pleinement le mythe dont ils héritent. Toutefois on peut, au détour d’un verre de Constantia, se souvenir du vin qu’aimait tant Napoléon.

Le vin de Constantia, un cru mythique oublié…

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