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La retraite par répartition en faillite

Publié le 07 mai 2010 par Copeau @Contrepoints

Ne pas toucher à la répartition

Quand ils abordent le problème de la réforme des retraites, hommes politiques et partenaires sociaux (y compris les organisations patronales) sont unanimes : il ne faut pas toucher à la répartition, base du système actuel. Certes quelques-uns évoquent la possibilité de doubler la répartition d'un système complémentaire faisant plus ou moins appel à la capitalisation. Cependant, la répartition mériterait d'être sauvée, pour des raisons tant financières que morales.

Un système de plombier

En réalité ce que l'on appelle « répartition » ne désigne qu'un système de plombier : le robinet remplit la baignoire, mais la bonde la vide au fur et à mesure. Le débit du robinet (cotisations) doit donc être au moins égal à celui de la bonde (pensions) si l'on veut que le niveau de la baignoire ne baisse pas. A cette heure, les réformes intervenues dans ce système ont consisté tantôt à ouvrir davantage le robinet (davantage de cotisations) tantôt à fermer la bonde (moins de pensions). Le réglage du robinet se fait en agissant sur le taux des cotisations, la durée des cotisations ou en faisant appel à des branchements extérieurs. Le réglage de la bonde est le montant des pensions, combiné au travail des seniors. L'âge de la retraite agit sur les flux entrants (on cotise plus longtemps) et sortants (les pensions sont versées moins longtemps). Le niveau de la baignoire mesure le taux de remplacement (proportion entre la pension et le revenu que percevait le retraité quand il était en activité). Il est en train de baisser inexorablement, et très vite.

La faillite annoncée

Les déficits du système par répartition ne cessent de se creuser. Il y a une composante démographique aujourd'hui inévitable : le vieillissement de la population. C'est moins de jeunes en activité, et plus de retraités vivant plus longtemps. En 1960, il y avait 4 cotisants pour 1 retraité, il n'y en a plus que 1,4 aujourd'hui. La tendance ne pourrait s'inverser qu'au prix d'une relance spectaculaire de la natalité (mais il faudrait attendre une vingtaine d'années) ou d'une immigration massive (qui pose d'autres problèmes). Il y a une composante institutionnelle : la durée de la vie active, qui dépend de l'âge du premier emploi, et de l'âge de la retraite. Il y a enfin une composante économique : avec une croissance très forte la masse des cotisations, calculées sur le niveau des salaires, s'accroîtrait. Mais la croissance est elle-même ralentie par le poids des charges sociales. Il n'y a donc aucune issue de secours ; tel qu'il est, par sa constitution même, le système court à la faillite.

Répartition et solidarité

Les inconditionnels de la répartition font valoir un argument d'ordre moral : la répartition met en jeu la solidarité entre Français, notamment entre les générations. Après avoir aidé les enfants, n'est-il pas moral que les parents soient pris en charge par les enfants ? C'est ce qui s'est passé pendant des siècles : avoir une famille nombreuse était une assurance vieillesse véritable. Mais dans le système actuel la famille se trouve élargie au niveau de la nation, sans le consentement véritable de ses membres. Ensuite la solidarité intergénérationnelle, elle aussi non choisie, fait peser une charge croissante et maintenant intolérable sur les jeunes. Ils payent et devront payer la dette sociale contractée par leurs aînés, au moins aussi lourde que la dette publique.

La vraie solidarité consiste à ne pas reporter sur les autres les dettes que l'on a contractées, et au contraire de participer au bien-être commun à travers son activité. La capitalisation met de l'argent frais à la disposition de l'investissement, donc de l'emploi et de la croissance. En divisant les risques, en organisant la couverture mutuelle, les assureurs créent une vraie communauté de destin. Au contraire de la capitalisation, la répartition ne propose qu'une solidarité : celle de la ruine générale dans l'irresponsabilité et l'incurie.

Article repris avec l'aimable autorisation de Jacques Garello, directeur de la Nouvelle Lettre.

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