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"Le texte poétique et son lecteur", 5 (par Daniel Pozner)

Par Florence Trocmé

« Il y a plusieurs façons de ne pas comprendre quelque chose : le texte poétique et son lecteur », tel était l’intitulé d’une ambitieuse journée organisée par Pierre Drogi, dans le cadre de son séminaire au Centre International de Philosophie.  
Dans le prolongement de cette journée de réflexion, Poezibao publie plusieurs textes. Notamment les communications d’Yves Boudier ou de François Boddaert, de Vannina Maestri ou de Daniel Pozner et un entretien avec Jean-Baptiste Para, ainsi que divers documents sur lesquels s’est appuyé Pierre Drogi.  
Relire le programme de la journée du 19 mars 2010 
 
 
Déjà publiés 
1. « Quatre Lancers », par Yves Boudier 
2. Entretien avec Jean Baptiste Para   
3. L’effacement de la poésie en question, par François Boddaert 
4. Comment j’écris mes poèmes, par Vaninna Maestri
 
Aujourd’hui, la communication de Daniel Pozner.
 
 
Comprendre ? Un poème ?  
N’y comprends rien, d’ailleurs il n’y a rien à comprendre. N’y comprends rien car il n’y a rien à comprendre. N’y comprends rien, ça me change. N’y comprends rien, je n’ai jamais rien compris à rien. N’y comprends rien : trop plein d’idées tassées, entassées. N’y comprends rien car c’est vide. Etc., etc. 
Un miroir en forme de coeur, brisé. Des miettes. 
N’y comprends rien et je referme le livre. N’y comprends rien et j’aime ça. 
Multiples manières de « ne pas comprendre » un poème, et ce sont bien sûr les mauvaises manières qui ont ma préférence.  
Miettes qui en tous sens renvoient fragments de lumière – il reste l’ombre. 
Pas plus que je n’ai envie d’imposer une manière de comprendre je n’ai envie d’imposer une manière de « ne pas comprendre ». 
Pour mémoire, Prévert, « ce qui tombe sous le sens rebondit ailleurs ». 
Un bébé (Rosa) comprend toujours, à chaque stade, tout en comprenant toujours mieux. Comprend ce qui lui correspond, ce qu’il lui faut, à un moment donné, dans une situation donnée. 
On comprend : en fonction d’un contexte. 
Comprendre : un puits sans fin, sans fond. 
Le sens s’en va, le sens revient. Le sens n’est pas tout à fait là (pas là où on l’attend). Mais il ne faut tout de même pas qu’il foute le camp trop loin. Sinon, c’est le lecteur qui fout le camp. 
Quant au conférencier, sur la pointe des pieds, il va voir un peu ailleurs. Ce qu’il y trouve, ce qu’il y a là à comprendre – ou pas. 
(...) 
 
par Daniel Pozner 


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