Magazine Cinéma
Mammuth pourrait tenir rien que dans l'équilibre incertain de Serge, le gros bonhomme incarné - et c'est peu de le dire - par Gérard Depardieu. Il y a là non seulement un corps immense, abîmé par le temps, se confondant avec les morceaux de viande de l'abattoir (tiens, il ne partage pas que la chevelure avec le Mickey Rourke de The Wrestler), mais aussi une forme de paradoxe existentiel. Car ce Serge-là est à la fois habile quand il s'agit de trancher dans le vif du cochon, et terriblement maladroit quand il s'agit de passer le temps ou de rassembler de la paperasse. Il est à la fois gigantesque - il déborde en hauteur, en largeur, son corps obstrue le champ de vision, son visage dévore le cadre - et effacé: son être est en péril, ses trajectoires chaotiques ont l'air - littéralement, à l'écran - de le faire clignoter, comme une ampoule sur le point de griller. Ça doit être ça, une existence précaire. Voir l'article sur Encore une fois