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L'habit ne fait pas le moine.

Par Livrement

rencontremagiqueL'habit ne fait pas le moine... ou l'art des bibliothèques de créer des rencontres magiques.
¤ Début d'après-midi, après quelques courses dans deux magasins, je me dépêche d'aller déposer mon livre à la bibliothèque. D'un pas certainement pressé et d'une intention certainement un poil trop déterminée, me voilà à monter les marches rapidement, pour pousser la porte... qui ne cède pas sous mon élan. Et biiiiim !
Je regarde sur la porte vitrée, les horaires marqués en orange, en TNR taille 250. Oui, cela ouvre à 14 heures. Je regarde le jeune homme qui - soit est un bon acteur et arrive à se retenir d'éclater de rire soit n'a rien vu mais peut-être tout entendu - se trouve là, et lui demande l'heure "moins deux", répond-il. Je lui souris. Et au bout de 8 &secondes ¾, il me dit "Oh bah, je croyais que c'est vous qui alliez ouvrir la bibliothèque". Haaan, quel compliment qui fait du chaud dans mon coeur ! Cela veut dire qu'avec mon pas trop pressé et mon intention trop déterminée - et en surplus, les sourcils froncés et la tenue vestimentaire all black - je ferai une très bonne bibliothécaire. En approuve certainement mon livre coincé sous le coude et ma carte d'abonnée déjà dégainée.
¤ Quelques minutes après, alors que la bibliothèque demeure fermée, il y a une floppée de lutins qui s'ramène, rapport aux bruits qu'ils font déjà à 800 mètres. Ils sont certainement à l'école, enfin en période "école", rapport aux "maikrèèèèèsse" stridents et appuyés des intellos-lécheurs-de-fessiers et des têtes à claques. Et là, la tête de troupe-en-rang-deux-par-deux-maitresse-à-0,50-cm-du-premier-couple, s'arrête à environ 0,86 cm de moi. Une vieille arrive sur ses deux jambes peu valides et sa canne qui cliquette  sur le bitume. Silence du roi quand elle gravit les quatre marches, because la pente douce pour fauteuil roulant et autres gens à trois pattes est prise par la longue floppée de lutins. Elle sourit et s'exclame "bah moi, j'suis ancienne maitre d'école de français. Et là, j'y retourne. Pour apprendre... l'informatiiiiiique". De fil en aiguille, la maitresse et l'ancienne-professeur-de-français-qui-va-bientôt-surfer-on-the-vague-du-web (et qui accessoirement, va bientôt créer un blog littéraire qui volera la première place de BOB au classement wikio, ça va de soi) blablatent.
Et là, mouflet numéro 1, du peloton-de-tête-de-la-floppée-de-lutins (vous suivez toujours ?) me dit "Moi, et bah Moiiii, j'ai 8 ans et demiiii (et presque toutes ses dents). On est là pour travailler tu vois, chercher des livres, etc.". Pause d'environ 6 secondes, puis il me confie un secret en se frottant les mains "mais j'espère que je vais pouvoir faire de l'ordinateuuuuur". Le secret, il est confié certainement trop fort. Et biiiim, la maikresse-de-mouflet-de-8-ans-et-demi "tu crois vraiment que tu vas pouvoir faire de l'ordinateur ? On est venu travailler... et après on ira à la ludothèque". Moi, dans mon fort intérieur, j'me dis que c'est dégueulasse, quoi. Parce qu'à 8 ans et demi, j'allais pas passer le jeudi aprèm à la bibliothèque PUIS à la ludothèque. Et que moi, j'avais même pas piscine. En fait, moi, j'avais aucune activité péri-scolaire faite avec l'école. Que c'est dégueulasse, quand même.
Nota bene pour ma maman chérie qui risque fort de lire ce billet en se disant que sa fille digne et préférée (rapport que je suis sa préférée parmi toutes ses filles qui se compte au nombre d'une), n'est pas si digne que ça, parce qu'elle, elle emmenait servait de taxi à sa progéniture féminine de 8 ans et demi pour ses cours de musique ; mais ça, maman, ça peut pas compter quand je raconte mon histoire, because ça fait pas assez pleurer dans les chaumières, tu comprends. Mais j'te love quand même hein.)
... et que franchement, discuter avec un mouflet de 8 ans et demi, ça fait du bien. Parce que cela me change  - niveau interlocuteur - de mon mur derrière l'écran d'ordinateur, ou de mes chats, tu vois.


¤ Comme j'étais venue ramener mon livre et que je me suis retrouvée par le plus pur des hasards avec cinq livres à emprunter sous le coude, je suis passée à l'automate de prêt. Parce que tu vois, les bibliothécaires de ce site, ils sont troooop cools de leur race (because toutes mes suggestions de livres ont été approuvées et qu'ils ont commandé pas moins de 20 bouquins grâce à cause de moi). Sauf UNE. La binocleuse (je me moque pas des binoclards puisque j'en suis une entre 23 heures et l'heure d'aller me coucher, hein (enfin, si je me moque un peu, mais pour qu'il y ait un peu d'humour méchant dans mon long billet)). Et que moi, j'l'aime pas la binocleuse : parce qu'il n'y a pas une seule fois où elle est gentille (et pourtant, j'y vais souvent à la bibliothèque. Relativement souvent pour que le cahier de suggestions soit pratiquemment rempli que par ma plume, tu vois). Elle ne devrait pas travailler en relation avec le "public". Surtout dans cette bibliothèque où il y a plein de mouchards-plein-de-morve-au-nez mouflets-supra-gentils, et d'autres "publics" peu connus pour leurs politesse et bon comportement. Mais comme de par hasard, la puce RFID du petit saloupiot "L'étrange histoire de Benjamin Button" de Fitzgerald ne veut point passer. J'suis obligée de faire la queue. Rien qu'en me retournant, t'as comme de par hasard, 6 personnes qui se pointent à la banque de prêt !
Bah alors, comment je suis une gentille mademoiselle, bah j'fais la queue, tu vois. Et là, t'as Cowboy qui m'parle. Cowboy c'est un homme d'un âge certain mais indéfinissable. Avec des yeux bleux, des rides au bord des yeux, la peau un peu tannée, le sourire blanc et charmant. Un jean blanc, chapeau de Cowboy et bottes à l'appui. Et il m'parle que je devrai pas les laisser passer, parce que tu vois, c'est toujours le foutoir ici, qu'il faut imposer sa loi. Je souris et lui répond que la personne qui vient de passer devant moi, là, bah elle était là avant moi, et que ma maman que je love, et bah elle m'a bien éduquée, moi sa fille digne et préférée, alors je la laisse passer :)
Et puis, je sors de la bibliothèque. Alors je retiens les deux portes vitrées... au monsieur Cowboy qui se trouve derrière moi, et qui joue et dit "merci" à chaque fois. Auxquels je réponds "de rien" avec un sourire (qu'il ne voit pas, puisque je suis devant lui, mais il doit s'écouter, c'est sûr). Et puis en fait, on part tous les deux dans la même direction, alors il m'invite à ce qu'on fasse le chemin ensemble. Là, en 6 minutes et 42 secondes, on a le temps d'apprendre chacun, ce que fait l'autre dans la vie, de refaire-le-monde et de dire que les gens ont peur  de tout et surtout de discuter. Et puis, il décide de m'accompagner un bout de chemin de plus, pas son trajet à lui, mais "je te drague pas hein, j'veux juste parler". Et là, j'tourne à gauche, on s'quitte comme on s'est trouvé. Il m'interpelle "et au fait, c'est quoi ton nom ?" "Acr0" "Acr0... merci, tout le plaisir était pour moi, tu vas me manquer". Un dernier sourire blanc colgate, des yeux plissés de bonheur fugace et il disparait.

Alors, franchement, les bibliothèques n'ont-elles pas l'art de créer des rencontres magiques?

P.S.: faites-moi signe si vous avez lu mon billet entier. Histoire de voir, combien j'ai cadavré de gens.


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