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Nelly Alard - Le crieur de nuit

Par Clarac
Nelly Alard - Le crieur de nuit
«Tu es mort. Enfin.» Voilà la première chose que se dit Sophie en apprenant la mort de son père.
Quatre mots qui en en disent long et qui nous préparent à découvrir quelle était l'attitude de ce père.
Car ce roman est un livre sur la mort et où les souvenirs remontent à la surface. Tout y est dit avec des mots justes et remplis de pudeur, sur un ton sans fausse note.
Ce huit-clos familial se déroule en Bretagne sur sept jours. Sept jours où Sophie va se délivrer du poids de son passé. Un père atteint de la maladie de Parkinson mais qui était un tyran pour sa famille. Autoritaire, égoïste, pouvant rentrer dans des rages folles allant jusqu'à traiter sa file de 8 ans de putain. Jamais de main levée, oh non, pas de bleus physiques mais des blessures profondes, indélébiles. On y perçoit aussi de brefs instants d'amour paternel. Rares et insuffisants. Les vacances n'en sont pas, il faut être au service et obéir à ce père. Sophie même arrivée à l'âge adulte et délivrée de la présence physique de son père en souffrira encore. La mère sera le bouclier fragile entre son mari et ses enfants. Sacrifice absolu elle s'en occupera lorsqu'il sera malade et dépendant.
Tout le récit est entrecoupé de passages du livre " La légende de la mort chez les Bretons armoricains" d'Anatole Le Braz. Et ces extraient se glissent, s'insèrent parfaitement dans le livre expliquant le caractère de la mort en Bretagne.
Un premier roman exemplaire et magnifique qui ne tombe jamais dans le mélo. Une fois de plus, j'ai terminé ce livre la gorge serrée d'émotions et c'est un très gros coup de cœur ...vraiment !
"Et la télévision. Dans la salle à manger, elle trône bout de table, à la place d'honneur. (...) Nous bouffons du journal télévisé à tous les repas. (...)Pour cette raison à table, le silence absolu est de règle. Il est difficile de saisir l'instant où l'on peut se risquer à demander du pain ou du sel, ou pousser devant le téléviseur pour aller en chercher en cuisine. Pendant la météo, on a compris, personne ne moufte. Pendant le journal télévisé non plus. Mais aucun programme n'est parfaitement sans danger, pas même les publicités. Il peut toujours arriver que justement, JUSTEMENT, il y avait dans cette publicité un instant précis que tu adores, une image, une phrase que tu attendais depuis le matin, qui est le rayon de soleil de ta journée, sans qu'on le soupçonne, et de se prendre une bordée d'injures, ou de se faire casser la baguette de pain sur la tête".
J'ai choisi ce livre chez Dialogues croisés, le club des lecteurs Dialogues et je les remercie.

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