La Mouche, le jeu dangereux de l'apprenti-sorcier

L'histoire: Inventeur génial de la téléportation moléculaire, le biologiste Seth Brundle se prend lui-même comme cobaye pour démontrer l'efficacité de son processus à une séduisante journaliste chargée d'écrire un article sur lui. Hélas, une mouche s'introduit dans l'appareil de téléportation. Dès lors, le scientifique se transforme jour après jour en un monstrueux insecte.

Attention, il ne s'agit pas d'une chronique de La Mouche, le film ayant déjà été évoqué sur ce blog. Non, il s'agit plutôt ici de réfléchir sur sa thématique principale, à savoir les apprentis-sorciers.
Pourtant, bon nombre de fans de ce remake de la Mouche Noire y voient une sorte de métaphore sur le sida. Personnellement, je serai plus mitigé sur cet avis...
En effet, il me semble que David Cronenberg explore davantage les effets de graves changements physiques sur la psychologie de son personnage principal, Seth Brundle.

Ce dernier est le nouvel Einstein de la science moderne. Il a inventé une machine révolutionnaire, le télépode qui, comme le nom l'indique, permet de téléporter une personne d'un endroit à un autre.
Des rayons désintégrent un individu à un endroit pour le transporter à un autre et le faire réapparaître de façon identique.

Cette nouvelle invention constitue donc la plus grande découverte de l'humanité. Mais un scientifique peut-il jouer à Dieu et éventuellement le dépasser ?
Le nouveau Créateur peut-il se faire piéger par sa propre invention ? C'est l'une des grandes questions posée par le film et c'est aussi la tragédie de Seth Brundle.
Après plusieurs essais concluants sur des primates, il tente une expérience sur lui-même.

Il se téléporte donc lui-même à un autre endroit. Pourtant, alors qu'il est persuadé de maîtriser toutes les données de son invention, Seth Brundle a oublié un détail d'une importance vitale.
Je m'explique. La téléportation nécessite deux appareils. Un premier télépode qui désintègre le sujet humain et un second télépode qui le reproduit de façon identique.
Oui mais voilà, alors qu'il mène cette expérience sur lui-même, une mouche se glisse dans le premier télépode, ce qui signifie que l'ordinateur doit reproduire à la fois un homme et une mouche dans le second télépode.

Une opération complexe que l'appareil ne peut cerner et analyser: lors de la téléportation, l'ordinateur décide de faire fusionner les deux corps.
Les conséquences pour Seth Brundle sont évidemment tragiques. Pourtant, dans un premier temps, il n'a pas conscience de cette opération effectuée par la machine.
Seth se voit doter de facultés exceptionnelles. Par exemple, il devient un sportif et un athlète accompli.

Mais les jours et les semaines passant, le corps et le psychisme du scientifique changent... Seth commence à perdre ses dents, à grimper sur les murs, et son esprit se met à penser comme une mouche !
Il est donc condamné à devenir un nouveau monstre de la science, dépassé par une création qu'il ne maîtrise pas. Il subit alors des mutations importantes et profondes.
Lui-même commence à avoir peur des terribles conséquences: on pourrait presque parler de dismorphophobie, soit la peur de voir son corps se transformer de façon radicale en une sorte d'insecte sale et répugnant. On retrouve donc ici l'une des obsessions majeures du cinéaste.
Un film forcément passionnant...

Eelsoliver