[Critique DVD] Lettres d’Iwo Jima

« Lettres d’Iwo Jima » de Clint Eastwood

Après avoir gommé l’image du comédien buriné, le cinéaste donne au septième art des lettres qu’on ne lui soupçonnait pas.Il renouvelle le western avec le crépusculaire et magnifique «Impitoyable» et s’attaque à l’adaptation policière : « Mystic river » demeure une grande réussite.

Pour la leçon de cinéma, «Million dollar baby», en toute élégance et humilité confondues,avant de rester sur l’excellent souvenir de  «L’Echange   »,( dans ce blog ) qui sous l’apparence d’une facture classique porte toujours l’empreinte  d’un créateur original et sincère.
Son diptyque sur Iwo Jima en est la quintessence. Quand il lance le projet, autour du livre de James Bradley (« Mémoires de nos pères »), l’idée de mettre en miroir les deux faces d’un même visage lui vient à l’esprit.

La version côté américain (« Mémoires de nos pères») se découvre à travers l’histoire vraie de trois soldats photographiés alors qu’ils plantaient la bannière étoilée au sommet d’une colline. Nos héros parcourent ensuite le pays en quête de financement. Dans une Amérique exsangue, ce cliché, aujourd’hui toujours célèbre, relance le sentiment patriotique.
De l’autre côté du miroir , dans «Lettres d’Iwo Jima»,les Japonais, les ennemis, deviennent les protagonistes de cette même bataille, que Clint Eastwood ausculte à travers le comportement de quatre soldats différents de grade et de rang social. Ce qui les unit,ce sont ces lettres écrites au fond d’une grotte où l’illusion d’un retour prochain se confond avec ces échanges épistolaires aussi incertains.

Les bombes s’abattent sur la colline, les hommes tombent et Eastwood filme cette boucherie, sans grande retenue.Une abomination criminelle subtilement dénoncée par le cinéaste humaniste.
Son regard perçant sonde en un clin d’œil l’âme de ses héros perdus, sur une île tout aussi déserte. Il nous fait deviner leur égarement, entendre le silence qui précède la mort.
Le résultat donne à voir une œuvre complète. Il serait dommage de dissocier les deux films.

 « Mémoires de nos pères » et« Lettres d’Iwo Jima », nombreux bonus (présentation par le réalisateur, un document d’époque sur le débarquement à Iwo Jima, l’avant-première à Tokyo très émouvante,présentation par les acteurs de leur personnage, making of…),
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