Le leader de l'opposition russe accuse les autorités russes de "violer l'ensemble du système électoral" par de multiples fraudes dans le scrutin législatif.
Garry Kasparov montre son bulletin de vote, sur lequel il a rayé les propositions. A ses côtés Eduard Limonov, chef du parti National Bolchevik. AP
Le leader de l'opposition démocratique russe Garry Kasparov a qualifié, aujourd'hui, les législatives russes organisées dimanche d'"élections les plus malhonnêtes et les plus sales dans l'histoire moderne de la Russie"."Je ne pense pas que quiconque ait le moindre doute sur le fait que ces élections ont été les plus malhonnêtes et les plus sales dans l'histoire moderne de la Russie", a-t-il dit dans une conférence de presse.
Déjà dimanche, l'ancien champion du monde d'échecs avait accusé les autorités russes de "violer l'ensemble du système électoral" par de multiples irrégularités dans le scrutin législatif. Prenant la parole au sortir du bureau de vote face à une foule de journalistes pour la plupart étrangers, Garry Kasparov a affirmé que l'opposition détenait des preuves que des bourrages d'urnes avaient eu lieu. Il a ajouté que des patients dans les hôpitaux et des fonctionnaires avaient reçu des menaces destinées à les forcer à voter pour les partis pro-Kremlin.
"Gouverner comme Staline"
Plus tard, Kasparov a prédit que l'autoritarisme du Kremlin finirait par entraîner une crise et "un effondrement de l'économie pire que celui que nous avons vu en 1991", à l'effondrement de l'URSS. "Il sera difficile pour Poutine d'essayer de gouverner comme Staline en ayant le train de vie d'Abramovitch", a-t-il déclaré, faisant référence au magnat du pétrole exilé à Londres Roman Abramovitch, homme le plus riche de Russie selon Forbes. L'opposition s'est régulièrement plainte des nombreuses modifications des lois électorales, de la main-mise du gouvernement sur les médias et du recours massif aux financements publics au profit de Russie unie.
Isoloirs retirés
"Ils ne truquent pas seulement le vote, ils violent l'ensemble du système électoral", a déclaré Kasparov. "Ces élections nous rappellent celles de l'époque soviétique, lorsqu'il n'y avait aucun choix." Les autorités ont supprimé la possibilité de voter "contre tous" les candidats, mais Kasparov a indiqué avoir effectué un vote de protestation personnelle en cochant toutes les cases de son bulletin afin de le rendre nul. Il a par ailleurs rapporté qu'au bureau de vote 181 du centre de Moscou, où il a voté, les autorités avaient retiré les isoloirs, forçant les électeurs à voter sous les yeux de tous. Kasparov, qui s'exprimait en partie en anglais pour les équipes de télévision étrangères, a appelé ses partisans à disposer des fleurs devant la commission électorale centrale en guise de "funérailles de la constitution russe". Les patients de plusieurs hôpitaux publics ont été menacés de voir leurs traitements suspendus à moins qu'ils ne votent pour Russie unie, a-t-il ajouté, avant d'évoquer des fonctionnaires menacés de renvoi dans des circonstances similaires. Sans donner d'exemples spécifiques, il a indiqué que la section russe du blog livejournal.com regorgeait d'exemples de fraudes électorales.
Amnesty au créneau
Amnesty International a accusé la Russie de "mépris systématique pour les droits élémentaires de l'homme" dans la préparation des élections. L'ONG a fait état de violations des libertés d'expression, de réunion et d'association. Kasparov et sa formation L'Autre Russie n'ont pu participer aux élections, s'étant vu refuser l'enregistrement en tant que parti. Peu soutenu en Russie, ce mouvement est cependant très suivi par les Occidentaux. L'ancien champion d'échecs a passé cette semaine cinq jours en prison après avoir été arrêté lors d'une manifestation à Moscou le week-end dernier. Les Etats-Unis ont condamné son arrestation et reproché au gouvernement russe de réprimer l'opposition. LIRE LE COMMENTAIRE DE DANIEL RIOT >>>>>>>> LES PREMIERES REACTIONS DES OBSERVATEURS DU CONSEIL DE L'EUROPE>>>>>>