Une chronique de Vance
Un peu en retard, mais pour la bonne cause. Profitons d’un matin pluvieux après une (très longue) soirée pour revenir en arrière dans le temps, les émotions et les souvenirs.
Ce mois d’avril aura été plus fructueux que prévu pour le cinéma. Merci à United Airlines de prévoir quelques films afin de nous faire paraître le temps moins long – mais c’est bien une des rares choses sur lesquelles cette compagnie m’ait satisfait. En revanche, et là c’était couru d’avance, très peu de lectures. J’avais fait le choix de n’emporter que deux romans dans des éditions de poche usagées (achetées dans une librairie de seconde main) pour être sûr de ne pas les abîmer dans les transports. J’ai bien fait.
Sur écran
18 films visionnés en intégralité, soit un de plus que l’an dernier pour le même mois (record à battre : 25 films au mois de janvier 2009). La préparation du voyage, la rédaction des livrets scolaires, des bulletins trimestriels et des dossiers d’admission en 6e ont sérieusement grevé le temps de loisirs imparti habituellement à ces occupations cinéphiles – le reliquat étant consacré davantage à des séries comme Dr House, devenue indispensable à notre équilibre nerveux. Toutefois, avec 6 films visionnés dans l’avion (image à peu près correcte mais son pourrave, même au casque – d’où l’obligation parfois de switcher en français pour comprendre les dialogues – pas de sous-titres disponibles) et un sur la route des grands parcs nationaux, je m’en sors plutôt pas mal.
Détaillons un peu tout ça (les titres en couleurs renvoient à un article publié dans ce présent blog ou dans ceux du Palmarès) dans l’ordre décroissant des moyennes :
Titre
déjà vu ?
support
langue
note sur 5
oui
TV
VF
4,75
oui
blu-ray
VOST
4,65
Butch Cassidy & le Kid
non
TV
VO
4,25
the Chaser
non
blu-ray
VF
4,25
Toy Story
oui
blu-ray
VF
4,15
Aladdin
oui
TV
VO
4
le Kid de Cincinnati
oui
TV
VF
4
Sherlock Holmes
oui
TV
VO
4
Crazy Kung-Fu
oui
blu-ray
VF
3,75
A single man
non
TV
VO
3,6
Frankenstein Jr.
oui
TV
VO
3,5
Legend
oui
TV
VF
3,5
les Professionnels
non
DVD
VOST
3,5
Twilight : Fascination
oui
blu-ray
VOST
3,5
Wyatt Earp
non
TV
VF
3,25
non
TV
VF
3
Red Corner
non
TV
VF
2
Où sont passés les Morgan ?
non
TV
VO
1,75
Bon, j’ai assez dit mon amour pour les productions Ghibli. Chihiro, à chaque fois que je le revois, parvient immanquablement à se hisser en tête de ce classement si futile et donc indispensable que l’on se fait des réalisations de Miyazaki – et puis il suffit d’un Château ambulant ou d’un Mononoké, ou encore d’un Totoro pour changer la donne.
Le visionnage de Forrest Gump, malgré tout l’amour que j’ai pour ce film, est venu d’une pulsion différente, très puérile, je le conçois (mais je m’en fous, je fais ce que je veux avec mon lecteur blu-ray !) : l’envie de revoir sur écran un des passages qu’on a évoqués pendant le voyage, alors qu’on circulait sur une longue route dans le désert, non loin de Monument Valley. Il s’agit du moment où, après avoir parcouru l’Amérique dans tous les sens pendant plus de trois ans, Forrest décide de s’arrêter :
- Attention, il va parler ! s’exclame un de ses suivants.
- Je suis fatigué. Je dois rentrer à la maison.
Voilà, c’est bête, mais que voulez-vous ? J’étais tellement heureux d’y avoir été ! Et encore, je ne vous ai pas parlé du resto Bubba-Gump de San Francisco (promis, je vous prépare un petit billet avec photos à l’appui !).
Butch Cassidy, ça c’est dans la série je redécouvre le cinéma de naguère (pas jadis, quand même) : outre l’irrésistible ritournelle de Burt Bacharach que vous pouvez entendre en fond sonore, il y a ce film à la fois respectueux et irrévérencieux, nimbé de dialogues savoureux et illuminé par deux acteurs au sommet de leur rayonnement. Gros, très gros coup de cœur.
Aladdin, qui tournait en boucle à l’époque où mon fils a eu sa première Super Nintendo, n’a rien perdu de son dynamisme et de son mordant. Petite déception : comme souvent, les voix anglaises n’arrivent pas à la cheville de la VF (où l’interprète de Jaffar fait des merveilles).
Le Kid de Cincinnati, pour le coup, c’est une farouche volonté de choper un film que j’avais adoré étant gosse, bien encouragé par un papa grand amateur de westerns et de péplums et par des frangins accrochés par la très belle bande annonce à la TV (je crois que c’était sur RTL9). Pas déçu, Steve McQueen étant toujours aussi cool.
A single man, beau et triste, magnifiquement quoique sobrement interprété. Superbe entrée en matière et jolie fin.
Frankenstein Jr (prononcez : Frankenstine !), c’est pour l’heure mon Mel Brooks préféré, délirant et joyeux et pourtant fort bien mis en scène. Des situations tordantes et des répliques cultes.
Les Professionnels, western hyper-efficace, sans aucun temps mort où le duo Lee « toujours renfrogné » Marvin/Burt « sourire en coin » Lancaster fait des étincelles. Jack Palance est moins caricatural que d’habitude et Claudia Cardinale nous éblouit d’une plastique de rêve (c’est pratique, elle passe son temps les mains nouées dans le dos avec une chemise à laquelle manquent quelques boutons… cliquez pour agrandir...). Juste après sa diffusion, on était sur les lieux du tournage dans la Vallée du feu (ne pas confondre avec la Vallée de la Mort). Cool.
Wyatt Earp : trop long, parfois poussif, mais une œuvre essentiellement fondée sur un personnage au statut de légende. Le très fameux gunfight à OK Corral est réduit à la portion congrue. Un goût d’inachevé pour un film ambitieux.
Crazy Heart : film (trop ?) classique bien servi par un Jeff Bridges hénaurme.
Red Corner : Gere en fait trop dans un film plutôt bien ficelé mais desservi par quelques incohérences et grossièretés (typiques de ce genre de cinéma).
Où sont passés les Morgan ? Fade, mou, ennuyeux – même Hugh Grant, que j’apprécie beaucoup, parvient à être ridicule. Quant à Sarah Jessica Parker, on a juste envie de la claquer.
C.L.A.P.
Le bilan comics est le plus maigre depuis des années (j’ai expliqué pourquoi au début). Tout juste un Marvel Heroes en retard, avec un Hulk rouge toujours aussi énigmatique, frustrant bien que jubilatoire.
Restent deux romans de SF : Voici l’homme (déjà chroniqué) de Moorcock, grande œuvre que je recommande chaudement aux amateurs, et le Dieu venu du Centaure dont vous pourrez bientôt lire mes impressions en détail, un Philip K. Dick déstabilisant où les réalités illusoires s’entrechoquent sur fond de lutte de pouvoir.