Au musée des Arts Décoratifs de Paris, l’animal règne.
La rétrospective du couple de sculpteurs Claude et François-Xavier Lalanne est servie par une muséographie grandiose. Au centre, un immense bassin mis en eau suivi d’un pré, les salles d’exposition attenantes sont agrémentées de feuillages vert et or, factice mais bien belle nature contenant des animaux de métal ou de plastique qui le sont tout autant.
Les créations proposées à notre regard sont avant tout des sculptures ayant une utilité mais qui n’apparait que dans un second temps. Les Lalannes ne sont pas des designers ni des artisans mais de véritables artistes contemporains s’inspirant du monde animal dans toute sa diversité.
Que de trouvailles !
Regardons de plus près ce babouin, ouvrez son torse, c’est une cheminée !
François-Xavier Lalanne, Rhinocrétaire II (ouvert), 1966, laiton, corne de rhinocéros, bois gainé tôle de laiton, queue en cuir avec armature en acier
Il en va de même pour le Rhinocrétaire, conçu dans de rutilants morceaux de métal martelés puis soudés. La confection même de ces pièces nous entraîne à la frontière entre l’art et l’artisanat. L’art l’emporte haut la main car ce qui frappe avant tout, c’est la qualité plastique et l’originalité de ces œuvres.
Plongez sous la carapace de l’hippopotame-salle de bain pour prendre place dans votre baignoire, ensuite ouvrez sa gueule pour vous mirer dans son miroir.
Voyez, un troupeau de moutons en train de brouter le faux gazon.
Erreur ! Ce sont de confortables fauteuils en véritable laine de bovidés.
Mention spéciale pour le fauteuil crapaud. Probablement clin d’œil au fameux siège crapaud, invention caractéristique du style Louis-Philippe puis du style Second Empire.
Faisons un détour par la technique utilisée par Claude Lalanne, la galvanoplastie. Assez peu connu du grand public, ce procédé permet d’appliquer un dépôt métallique à la surface d'un objet à l’aide d’un courant électrique continu. Si, comme moi, vous avez besoin d’images pour comprendre, une vidéo montre la réalisation d’une de ses pièces. L’artiste donne ainsi naissance à des objets hybrides comme la pomme-bouche et l’hilarant Choupatte.
Claude Lalanne, Choupatte (grand), bronze et cuivre, 2006
Les yeux encore remplis de ce fantastique bestiaire, je les lève machinalement vers les étages supérieurs en sortant de l’exposition. Là, surprise, un chef indien géant me tourne le dos. J’avoue, j’ai craqué et suis allée visiter la rétrospective Playmobil.
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Musée Musée des Arts Décoratifs de Paris
107 Rue de Rivoli
75001 Paris
01 44 55 57 50
du mardi au dimanche de 11h à 18h
le jeudi : nocturne jusqu’à 21h
fermé le lundi
Les Lalanne
du 18 mars 2010 au 4 juillet 2010