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We feed the world

Publié le 05 mai 2007 par Critikacid
Voici un documentaire qui vaut amplement le détour.
Cinématographiquement parlant, on pourra certes rester sur sa faim. Quelques plans indiquant simplement que les gros groupes de l'industrie  alimentaire sont en train de carboniser la planète. Des visions aériennes sidérantes, de serres s'étendant à perte de vue et ayant dévoré le paysage, ou de l'ex-forêt amazonienne brésilienne transformée en campagne de réserve pour les élevages mécanisé d'Europe et d'Amérique...
Mais le contenu, lui, est limpide, et remuant.
C'est Jean Ziegler, député socialiste suise, qui nous sert de guide dans le dédale du "marché de la faim". Ils nous emmène dans les arcanes d'un système qui engendre un gâchis épouvantable, qui ruine les producteurs des pays d'Afrique et les contraint à une émigration lors de laquelle ils participeront à la production des fruits et légumes qui a rendu leur propre production domestique hors de prix, un système ou les miséreux du Brésil côtoient des exploitations agricoles immenses qui ne sont pas là pour les nourrir, un système où, enfin, pour tout dire, "52% du produit intérieur brut mondial est réalisé par les 500 plus grosses compagnies multinationales".
Cerise sur le gâteau "hybride", le directeur de Nestlé, groupe Suisse qui en fait partie, expliquant benoitement qu'il faut combattre la position "extrémiste" qui prônerait l'existence d'un service public de l'eau.
Extrémisme pour extrémisme, une vieille question lancinante surgit tout au long de ce documentaire : si l'essentiel de la production mondiale est réalisée par 500 grands groupes, la nourriture, l'eau, les marchandises de première nécessité, et cela en fonction du seul impératif du profit maximum, n'est-il pas urgent de faire passer ces groupes sous le contrôle de la collectivité, de donner un sacré coup de balai en en renvoyant les actionnaires et en utilisant ce pouvoir considérable pour en finir avec la famine, la misère?  
Jean Ziegler le souligne à l'envi : l'économie mondiale est en mesure de nourrir 12 milliards de personnes. Les enfants qui meurent de faim à chaque minute, les centaines de millions de personnes sous-alimentées, ne le sont pas à cause d'une capacité insuffisante de production, mais sont purement et simplement assassinées. Mettre fin à ces meurtres épouvantables, n'est-ce pas à cela que devrait s'attacher une politique vraiment au service de la collectivité? Toute dissemblance avec la campagne présidentielle française et ses thèmes serait et volontaire, et accablante.

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