Engrenages. (crée par Alexandra Clert)
La justice des hommes est imparfaite.
Saison 3.
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C'est fébrilement que je me suis lancé dans la saison 3 de ce qui constitue pour moi la meilleure série française produite à ce jour. Oui, je n'ai pas peur de le dire. Au diable l'objectivité! Quelle série est si maîtrisée? Quelle série à des personnages si bien écrits, si fragiles et si humains? Quelle série montre la justice sous un jour réaliste mieux que celle-ci? Je pourrais continuer ce petit jeu longtemps mais ce serait inutile car la réponse resterait identique: aucune. Première née du label création originale de Canal +, elle a ouvert la voie à des fictions toujours plus ambitieuses. En deux saisons, elle a imposé son style visuel glacial, ses dialogues parfaits, ses acteurs inoubliables et le postulat qui peut paraître anodin mais qui est trop souvent oublié: la justice est humaine et donc faillible.
Episode 1 et 2
Dès les premières minutes, on retrouve l'atmosphère si électrique de la série. Une rue remplie de prostituées, un client arrive. Il embarque une fille. Celle-ci commence son job. Un cadavre vient les déranger. On est d’emblée replongé dans la série. C’est comme si les deux ans d’attente n’avaient pas eu lieu.
L’enquête policière de cette saison se met en place et malgré son air classique promet des rebondissements. On a donc un sérial killer qui s’en prend à de jeunes filles brunes. Il les enlève, les garde un temps avant de les tuer et de mutiler leurs corps à la manière d’un Jack l’éventreur. Les pistes sont minces et la tension palpable.
Pourtant l’essentiel est ailleurs. Ce qui compte ce sont les personnages et le background. Les histoires personnelles prennent une place importante dans l’histoire pour la simple raison que se sont des êtres humains. Et leurs problèmes influent sur leur travail. Leurs failles les font flancher et voilà pourquoi la justice est imparfaite. C’est le plus beau message que la série a à offrir. Le juge Roban est d’ailleurs à l’honneur cette saison. Lui qui n’a jamais vraiment eu d’histoire personnelle va au devant de gros ennuis dans son travail alors que sa mère est mourante. Il ne faut pas non plus négliger les affaires secondaires qui dressent un tableau peu reluisant de la France et de la justice. Les policiers ne pensent qu’à leur carrière, les procureurs défendent les coupables afin d’avoir les grâces du président, on trouve des pédophiles et des immigrés clandestins à chaque coin de rue. Des chiens tuent des gamins et les magistrats droits et juste n’ont pour seule récompense que d’être écarté. Si vous êtes dépressif, passez votre chemin. La série est sombre et elle ne fait pas de cadeaux. Et c’est tant mieux.
La saison commence bien alors vivement la suite.