Magazine Culture

It is time to get hardcore, par KSKF

Publié le 11 mai 2010 par Onarretetout

Pourrai-je écrire à la première personne ? Ecrire à propos d’un spectacle (chorégraphique et multimédia) qui « parle du point de vue d’une femme ». Et quelle peut y être ma place ? Spectateur, vraiment ? Seulement ?

itistime1
Nous sommes disposés de part et d’autre d’un écran, et, dès les premières projections, j’ai le sentiment d’être dans l’image, dans le temps. Les textes de Chloé Delaume, sans doute, m’y aident, extraits du livre que je viens de lire (J’habite dans la télévision), et repris ici, avec d'autres où il est question d’être son propre cobaye.

Alors, commençons par le marchand de sable et sa terrible comptine qui fait crac ! crac ! crac ! et s’installe un peu effrayante dans ma tête d’enfant. Je dois fermer les yeux. L’écran s’emplit de sable et du bruit d’une télévision qui tourne à vide. Qui fait le vide et m’y attire. Souvenir d’enfant, de la voix d’une mère, qui berce et dont la berceuse inquiète et que je ne croirai pas quand elle me dira que le marchand de sable n’existe pas. D’autres avant elle ont essayé ; Hoffmann au début du XIXe siècle en a fait un conte où la femme aimée n’est pas une femme mais un objet, un automate (comme le sera Hel, ailleurs, dans le film Metropolis). Un objet, la femme ? Aimée ? Sous quel déguisement ? Celui du lapin, peut-être, ou de la poupée qui dit I love you, ou de la mariée, ou de la danseuse sous ses voiles… Non, plutôt serrer les poings, affronter les autres, boxer contre son double, contre son ombre, assumer son corps sans les fanfreluches. Mais le corps c’est terrible, il y a le temps qui passe et qui me prend pour cible, il y a les cheveux qui m'aveuglent, il y a les jambes, et je ne peux plus courir, il y a tout ce poids que je ne parviens à soulever qu’à peine, poids d’os, de chair et d’intestins. Il me reste l’image, le cinéma que je fais avec des fantômes, des souvenirs (charmants?), des lumières abstraites.

Etait-ce un rêve ? Je frotte mes yeux. J’écoute. Dans mon sommeil, je suis passé du Marchand de sable aux Pêcheurs de perles, et leurs musiques m’obsèdent. Peut-on troquer du sable contre des perles, une comptine contre une chanson d’amour ? Ou ne faisons-nous toujours qu’entendre des voix ?

(Les pêcheurs de perles est un opéra de Georges Bizet dont on entend un air à la fin du spectacle.)

KSKF : Judith Baudinet, Etienne Bernardot, Claire Gilbertas, Lucile Trouttet, Mikhaël Gautier, Stéphane Machet, Julien Rauche (cliquer sur l'image pour accéder au site de KSKF)

Ce spectacle était présenté à la MJC Paris-Mercœur, dans le cadre du Festival Sortie de Chantiers.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Onarretetout 3973 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine