Magazine Culture

La Maison des Cerfs de Jan Lauwers

Publié le 12 mai 2010 par Belette

Dernier volet de la trilogie Sad Face/Happy Face, La Maison des Cerfs joue en ce moment au Théâtre de la Ville, après un passage à Avignon l’été dernier. L’argument est personnel : l’une des danseuses de la Needcompany a appris lors d’une tournée en France que son frère, photographe de guerre au Kosovo, était mort. La pièce imagine devant nous les réponses aux questions qu’elle se pose, imagine ce qui aurait pu arriver à ce frère disparu : le premier acte, signalé par les sur-titres, montre les membres du collectif en répétition ; le second dessine l’histoire en train de se faire d’une maison des cerfs quelque part au Kosovo, dans laquelle vit une famille isolée, en-dehors de la guerre. Les acteurs s’interrompent sans cesse pour réfléchir à la manière dont cette histoire pourrait continuer, tout en comprenant que l’Histoire, elle, ne demande l’avis de personne.

La Maison des Cerfs de Jan Lauwers

(Maarten Vanden Abeele)

L’idée d’un théâtre en acte, d’un work in progress qui désamorce l’illusion théâtrale est très séduisante ; le travail de grands thèmes politiques (la mort, la guerre, l’Histoire) et de leur enchevêtrement avec les vies personnelles (la danseuse, le collectif, la famille) est toujours intéressant. Hélas, Jan Lauwers a décidé de nous prendre pour des idiots. Nous voilà pendant deux heures à la merci d’une leçon de morale. Les situations mélodramatiques, comme celle du frère photographe qui arrive à la maison des cerfs pour rendre le corps d’une des filles de la famille après l’avoir tuée sous la contrainte, n’arrachent pas une larme, pas une secousse ; les discours déclamatoires sur la difficulté de la vie (hééé oui ma bonne dame) ne récoltent que des soupirs ; les interruptions continues et le jeu surexpressif de l’handicapé mentale de cette famille imaginaire finissent par devenir franchement agaçants. Cerise sur le gâteau, le spectacle s’étiole tellement qu’on compte trois fins avant d’arriver à la vraie – on ne compte en revanche pas trois secondes avant de prendre la porte.

Restent les très belles performances des acteurs et des danseurs, la beauté de certaines images, et l’évocation des deux très bons premiers volets de la trilogie par d’autres.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Belette 126 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte