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C’est bien – C’est toujours bien de Philippe Delerm

Publié le 13 mai 2010 par Sfar @ToujoursUnCoup

C’est bien – C’est toujours bien de Philippe Delerm

C’est bien (1991)
C’est toujours bien (1994)
C’est bien (2009) en version compilation des deux volumes avec illustrations
aux Editions Milan Collection Milan Poche Junior

Avant même d’être le père du chanteur le moins énervé de la scène musicale française, Philippe Delerm est d’abord un romancier. Il fut aussi professeur, métier abandonné il y a quelques années pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Il s’est fait découvrir du grand public en 1997 avec son recueil de nouvelles :  La première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.

C’est bien et C’est toujours bien sont des ouvrages de la littérature de jeunesse qui ont été écrits avant La première Gorgée (1991 et 1994). Un peu à la manière de ce que sera La première Gorgée de bière… et des Je me souviens de Georges Perrec, ils dressent l’inventaire de petits bonheur mais cette fois du quotidien d’un enfant de dix ans. Sur les deux volumes ce sont quarante souvenirs qui sont détaillés avec un  naturel enfantin  : instantanés de plaisirs simples de la vie de tous les jours. Ces divers épisodes nous remémorent des images, des odeurs, des sons, des sensations, des sentiments…  liés à l’enfance. Simple, trop simple comme œuvre littéraire de jeunesse ? Voilà un reproche que pourraient aisément  faire certains parents si on ne s’attache qu’à la forme d’écriture « facile » et répétitive. Au contraire, il faut voir cette relative simplicité comme une qualité qui va permettre au plus grand nombre d’entrer dans la littérature non pas par obligation ou à reculons mais par le plaisir.

Soyons réalistes : tout le monde n’aime pas lire : enfant, adulte et même -quelle honte- enseignant. Pourtant dès la naissance existe cette pression socio-culturelle du « Nos enfants doivent lire (vite, bien)… et pas n’importe quoi! ». Un trop fort élitisme littéraire inadapté aux envies et capacités de l’enfant engendrera bien souvent des dégoûtés du livre et la lecture en général. C’est pourquoi les textes de Philippe Delerm sont épatants : courts, dotés d’un vocabulaire juste et sensible, sans artifices, poétiques, nostalgiques (sur le court ou le long terme selon l’âge du lecteur), drôles et émouvants. Nul besoin d’avoir 8/11 ans pour s’y plonger. Notre mémoire regorge de ces souvenirs doux et apaisants. On a tous un jour trouvé ça bien d’acheter des bonbons chez la boulangère, de faire un volcan dans sa purée, de se faire cajoler lorsqu’on est malade, quand les mamans discutent, de parler sous les étoiles, de choisir un parfum de glace et même d’annoncer une mauvaise note! Ce genre de nouvelles  peut s’apprécier égoïstement en lecture individuelle mais se révèle surtout un fabuleux outil pour favoriser les échanges au sein de la famille ou d’une classe.

→ Exploitation pédagogique envisageable

[En France, ce livre est inscrit par le Ministère de l’Éducation Nationale sur la liste de référence d’ouvrages de littérature conseillés pour le cycle 3 (8-11 ans)]

* Expression orale : « l’utilisation du « on » impersonnel dans chacune de ces courtes nouvelles permet une réelle identification de la part des jeunes lecteurs qui adhèrent aussitôt à ces fragments de vie qui leur sont si proches comme des instantanés de leur quotidien. » Si bien que la lecture de chacune des petites histoires peut être suivi en classes (CE2/CM1-CM1/CM2 dans mon cas) par des plages d’expression orale où chacun aura loisir de conter à ses camarades et faire partager à l’enseignant les expériences similaires de son vécu. On quitte le cadre élève-enseignant car l’exercice prête aux confidences et à la découverte de facettes inexplorées chez certains de nos élèves.

* Expression écrite : les thèmes abordés facilitent l’écriture spontanée. On a vite fait de trouver la recette d’écriture pour se lancer dans des « à la manière de Philippe Delerm ». Un titre qui commence par « c’est bien… », le « on » de narration, des verbes au présent, des arguments de pourquoi c’était bien et aussi des contre-arguments introduits par « mais ». Les premiers jets peuvent ensuite être enrichis par des détails liés aux sens (On entendait…, on voyait…, on sentait…)

* Expression corporelle : certains thèmes trouvés par les enfants sur le modèle de Philippe Delerm peuvent donner lieu à de courtes interprétations mimées (C’est bien de cueillir des fleurs pour les offrir à Maman, C’est bien de faire des grimaces, C’est bien de jouer d’un instrument de musique…).

Prolongements en arts plastiques, lecture réseau etc…


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