Magazine Beaux Arts

Bruit et fureur

Publié le 14 mai 2010 par Marc Lenot

perrin21.1273781021.jpgAprès la beauté calme des photographies de Mimmo Jodice, il faut un moment, montant à l’étage supérieur, pour s’acclimater au bruit et à la fureur de l’exposition de Philippe Perrin (à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 13 juin). Dans ‘Haut et court’, tout est tumulte, cris, tirs de flingues (l’esprit de Mesrine flotte ici), boxe (celui d’Arthur Cravan aussi) et rock and roll… Il y a des photos aux murs, mais surtout des installations sculptures un peu partout, armes à feu, bague et chapelet géants (vue de l’exposition ci-dessous). Un sniper vous attend sur le palier, une chaise avec menottes est prête pour un interrogatoire, une histoire dont nous ne saurons rien, sinon quelques indices obscurs, se déroule ici. perrin-1.1273780997.jpgC’est drôle, c’est trash, c’est vivant. La ballade d’un enfant perdu : croyez-vous (ci-dessus) que Rita restera ? Mais, de préférence, allez à la MEP en deux fois, l’une pour Jodice, l’autre pour le reste.

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Tout en bas, la fureur est plus tragique : le photojournaliste suisse Michaël von Graffenried s’est fait connaître pour ses reportages sur les années de plomb en Algérie. Ici, il montre en plus d’autres travaux, tous caractérisés par son empathie avec ses sujets, sa capacité à s’investir dans une relation étroite avec eux, qu’ils soient des drogués zurichois ou des nudistes neuchâtelois (ci-contre, Nus au paradis). Il
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sait révéler les aspects inconnus des univers qu’il découvre, nous forçant à regarder ce que nous laisserions volontiers de côté. Parfois, les sujets se rebellent, ainsi les Américains de la petite ville de New Bern (ci-contre, Baseball USA) qui n’aiment pas du tout l’image qu’il leur renvoie d’eux-mêmes; mais la plupart du temps, ils acquiescent et se soumettent aux désirs du photographe avec plus ou mons de bonne volonté. C’est très fort, même si j’ai eu le sentiment que, dans cette exposition, il en faisait trop : place marquée au sol de l’emplacement optimal pour regarder ses photos, distributeur de seringues dans l’expo pour
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illustrer son travail sur un couple de drogués (ci-contre). Mais, par exemple, sa capacité à photographier en confiance des naturistes dépasse, à mes yeux celle de Diane Arbus, en plus humain, en moins ‘freak’

Le reste de la MEP jusqu’au 13 juin est consacré à un travail d’Antoine Poupel sur Zingaro, de nature illustrative et plutôt publicitaire, et à des dispositifs tactiles ‘excitables’ de l’artiste brut brésilien Sérvulo Esmeraldo, entre Concours Lépine et Foire du Trône : l’éclectisme a frappé.

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