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“Robin des Bois” : Ridley ramène sa science

Par Kub3

Si Robin des Bois était une marque déposée, son propriétaire et sa famille seraient à l’abri du besoin sur plusieurs générations tant la figure du « Prince des voleurs » a été exploitée commercialement. De Kevin Costner au renard de Walt Disney, on ne compte plus les adaptations cinématographiques de la légende. Autant de films différents que de versions du mythe : il était temps que Ridley Scott vienne remettre un peu d’Histoire dans l’histoire.

“Robin des Bois” : Ridley ramène sa science

Fin du XIIe siècle : le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion guerroie fièrement hors de son territoire et à travers la France. Alors qu’il livre une dernière bataille avant un retour attendu au pays, une flèche bien ajustée lui ôte malencontreusement la vie. Cette mort laisse pour héritier de la couronne un jeune frère colérique, inexpérimenté et surtout facilement manipulable : du pain béni pour un courtisan traître qui prépare en sous-main une invasion française.

Au milieu de ce riche décor historique, Russell Crowe, alias Robin Longstride, collabore pour la cinquième fois avec le grand M. Scott (Alien, Gladiator…). Aux côtés de Cate Blanchett (Lady Marianne) le duo affiche une impeccable droiture. Centre du film, le futur Robin des Bois ne l’accapare pourtant pas, puisqu’il est ici essentiellement question d’éclairer l’époque dans laquelle il évolue et qui l’a créé. De ce point de vue, le succès est total. Les scènes de bataille moyenâgeuses sont parmi les plus convaincantes qu’on ait vues, les costumes et accessoires jouissent d’un soin extrême, tandis les reconstitutions de villages et autres châteaux ont à l’écran une crédibilité rare.

Cette fascination quasi documentaire ne dure hélas qu’un temps, car l’exigence formelle à laquelle s’est contraint le réalisateur confine parfois à l’austérité. On s’emmerderait presque. L’intrigue globale manque en effet singulièrement de souffle pour scotcher au siège pendant plus de deux heures. Ce n’est pas faute de la faire rebondir, mais les effets de manche scénaristiques tombent singulièrement à plat dans une sorte de refus global de toute esbroufe hollywoodienne. Historique sans être véritablement épique, Robin des Bois rachète néanmoins ce travers de bon élève dans sa dernière bataille, forcément mémorable, et sauve in extremis son spectateur de la frustration.

Ce n’est également qu’en fin de course que le génie du récit se fait jour lorsque, sans que l’on n’ait rien vu venir ou presque, toutes les pièces du puzzle s’assemblent soudain. « Robin Hood » termine ainsi sa course effrénée sur un savoureux moment de grâce cinématographique, qui nous laisse avec bonheur en terrain connu et s’offre un beau clin d’œil aux productions passées : Scott fournit à Robin la luxueuse préquelle fondatrice et unificatrice qui lui manquait. « And so the legend begins… »

“Robin des Bois” : Ridley ramène sa science

En salles le 12 mai 2010.

Crédit photos : © Universal Pictures International France

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