Quand ses parents meurent, en 1941, Piotr, jeune garçon polonais, est placé dans un orphelinat à Varsovie. Il est rapidement repéré : sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus font de lui un modèle accompli du type aryen prôné par Hitler... Un haut dignitaire nazi souhaite l'adopter : Piotr, rebaptisé Peter, est accueilli dans sa nouvelle famille à Berlin. Mais Peter sent bien que pour les autres, il reste un étranger. Tous ses efforts tendent à convaincre son entourage du contraire, quitte à faire parfois quelques compromis ... C'est alors qu'il rencontre Lena... et qu'il découvre grâce à elle le vrai visage du nazisme. Il est temps pour lui de choisir son camp. Et de prendre des risques ... Un roman d'aventures qui pose la délicate question de l'engagement.
- Editions Naïve -
- Un grand merci aux éditions Naïve ainsi qu'à BOB pour l'organisation de ce partenariat en lecture commune adolescent-adulte -
L'avis de ma lectrice de 15 ans ( là, pas peu fière sa maman, j'ai juste corrigé quelques petites fautes d'orthographe de frappe :)
Etranger à Berlin est un livre que j'ai beaucoup aimé. Il se déroule dans un cadre historique parfaitement reconstitué qui m'interresse énormément à savoir la deuxième guerre mondiale et plus exactement la période nazie. On peut y suivre le héros Piotr, jeune garçon polonais également appelé Peter, dans sa vie à Berlin alors qu'il a été adopté par une famille allemande. Ce livre est d'autant plus intéressant que Peter évoluera tout au long du roman notamment grâce à Lena, personnage que j'ai particulièrement apprécié. Tout au long du livre, Peter devra faire des choix et ainsi se forger un avis et une identité pour, à la fin du roman, choisir un réel " camp ". Peter est un personnage plutôt innocent au début du livre, il ne connait pas encore le vrai visage du nazisme. On a aucun mal à s'identifier à ce garçon tout au long de son parcours dans cette famille dans laquelle il ne se sentira jamais réellement à sa place. On y découvre également de nombreux autres personnages, notamment Elsbeth, très mystérieuse au début du roman et dont on ne découvre l'horrible histoire qu'à la fin. Elsbeth n'a beau être qu'un personnage de fond, elle m'a énormément intéressée du fait de sa complexité. C'est un personnage torturé qu'on se surprendra pourtant à comprendre. Ce roman nous offre un point de vue intéressant parce que très peu courant : un point de vue interne, un point de vue au coeur même du totalitarisme ultra-violent de l'Allemagne nazie qui ne peux nous laisser froid. C'est un livre que je conseillerais facilement car il possède tout ce qui fait un bon roman : de l'aventure, un sujet qui fait encore parler de lui, des personnages avec une réelle identité et surtout beaucoup d'émotion.
L'avis d'Emmyne qui se demande bien ce qu'elle va pouvoir ajouter !
Un très beau roman que celui-ci, un roman qui bouscule son jeune lecteur mais l'accompagne. La force de ce récit tient à ce point de vue à la fois interne et quotidien qui parvient tout de même à présenter à la fois l'idéologie nazie dans toute son horreur - sans concession mais sans violence complaisante - et la vie de la population allemande, la diversité des opinions et des réactions de ces civils manipulés par le discours officiel dès l'enfance, des partisans farouches engagés dans l'idéologie fasciste aux résistants de la première heure. La description de l'endoctrinement des jeunes, l'enthousiasme comme le malaise de certains, est parfaitement rendue à travers des épisodes aussi ordinaires qu'édifiants ( impossible d'oublier cette effrayante scène de Noël au cours de laquelle tous les cadeaux sont antisémites ! ).
J'ai trouvé remarquable les portraits des nombreux personnages secondaires qui, bien qu'ils soient extrêmement représentatifs ( jeune polonais réduit à l'esclavage, savant fou du Reich, colonel cachant des Juifs, fils de dignitaire arrogant...), ne tombent jamais dans la caricature, soulevant la complexe question de l'engagement et pointant la cruauté du système : chantage et menaces sur la famille, pression sociale, délation encouragée par une émulation perverse, propagande omniprésente non seulement dans les médias mais aussi dans l'enseignement et la littérature; l'idéologie élevée au rang de culture. Avec eux, les aspects politiques de la dictature nazie, comme le contrôle et la hiérarchisation de " races ", les pseudos fondements scientifiques de la doctrine et la mise en pratique du programme, sont mis en scène avec réalisme. Le regard est incisif, le propos profondément humain sans trémolo, c'est paradoxalement en cela que le récit est terrifiant et émouvant.
Justesse et pertinence du ton, fluidité du style, les quatre cents pages de cet excellent roman filent. Etranger à Berlin est bien plus qu'un roman d'apprentissage, qu'un récit initiatique, c'est une aventure humaine inscrite dans un contexte historique qui rappelle que grandir, c'est aussi dépasser son individualité et développer une conscience critique et " politique ", de celle qui nécessite de chercher à savoir et réfléchir, de se forger ses propres opinions et d'assumer ses choix. Un roman qui témoigne que vivre, ce ne peut pas être se limiter à voir le monde en noir et blanc.
- A partir de 14 ans -
- Le billet de Brize et de sa lectrice de 15 ans -
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